La grève générale de 1946 au Sénégal. Aux sources du syndicalisme militant
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L’Algérie n’est pas l’exception autoritaire illisible que l’on présente parfois.
En combinant les apports de l’observation sociologique et de la théorie critique, ce livre s’efforce de dépasser les fictions qui suggèrent l’existence d’un « Système » omnipotent, impersonnel et corrupteur, en décortiquant les transformations de l’ordre politique algérien au cours des trois premiers mandats d’Abdelaziz Bouteflika.
Rendue à la fois possible et nécessaire par la crise qui a touché le pays à partir de la fin des années 1980, cette mise à jour s’est faite en accord avec des tendances globalisées qu’elle imite ou précède, avec en arrière-fond le spectre d’une catastrophe qui menacerait de replonger le pays dans la guerre civile.
Cet ouvrage part du postulat que l’Algérie est confrontée à une crise toujours latente.
Le souvenir de la décennie noire (1992-1999) nourrit ainsi l’idée d’une menace existentielle pesant sur le pays, orientant les politiques gouvernementales et les stratégies des acteurs.
Cette situation a une dimension objective, puisqu’elle fait écho à une contestation fragmentée mais néanmoins permanente ainsi qu’aux contradictions internes du cartel qui tient l’État algérien.
Elle a aussi une dimension subjective dans la mesure où les discours catastrophistes irriguent l’espace public, annonçant un bouleversement sans cesse repoussé.
La crise latente est donc devenue une ressource qui justifie les dispositifs sécuritaires, mais aussi les réformes politiques et économiques.
Par ailleurs, ce livre étudie aussi la violence symbolique qui accompagne la suspension de la catastrophe.
L’incertitude brouille les cartes, questionne le passé et hypothèque l’avenir ; elle touche de plein fouet l’image de la communauté imaginaire, sans invalider totalement l’idéal de sainteté politique sur lequel l’ordre politique algérien a été bâti après 1962.
La recherche de sens conduit néanmoins à des discours imputant la responsabilité des problèmes du pays à la population. Les déséquilibres structurels et les choix politiques s’effacent devant l’image d’une société prétendument malade et/ou pré-moderne.
Dès lors, le « Système », aussi corrompu et violent qu’il puisse paraître, est naturalisé.
Les dirigeants, mais aussi certains de leurs opposants les plus critiques, endossent alors un rôle disciplinaire pour contrôler une masse anarchique et manipulable.
Thomas Serres est docteur en science politique de l’École des hautes études en sciences sociales.
Il est chercheur associé à l’UMR Développement et Sociétés et enseigne actuellement à l’Université de Californie-Santa Cruz.
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