Les élections en République Démocratique du Congo
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En quoi l’itinéraire de Joseph-Mukassa Somé, fils de chef de terres coutumier dagara (Burkina Faso), baptisé et entré au Petit séminaire par hasard, a-t-il quelque chose de particulier pour qu’il devienne, comme le dit Etienne Le Roy dans sa postface, une « figure africaine exemplaire » ?
Ce prêtre séjournera par deux fois en France pour y entreprendre des études de sociologie et écrire une thèse de doctorat en anthropologie. Professeur de sociologie à l’Université Catholique d’Abidjan et vice-recteur, il sera choisi par les évêques du Burkina pour réorganiser la politique de développement de son pays en dirigeant l’OCADES (Organisation catholique pour le développement et la solidarité). Toute sa vie, cet anthropologue sera passionné par la défense de la terre, jusqu’à passer près d’un an au Brésil et y partager la vie de ceux qui luttent pour les « Sans-terres ».
Mukassa témoigne de cette capacité qu’a tout homme, né « quelque part », de donner sens à la nature qui l’environne, aux évènements qui traversent sa vie, de la naissance à la mort : aptitude à s’inscrire dans une lignée qui permet à chacun de grandir, de procréer et, en mourant, de trouver une place dans la grande chaîne des ancêtres ; croyance en un être suprême dont on procède et dont procède la terre ; recherche tâtonnante de ce que sont le bien et le mal pour chacun et la communauté, avec les rites à respecter afin que celle-ci survive sans se déchirer.
Autant de questions traditionnelles bousculées par d’autres plus contemporaines : comment toute culture s’adapte-t-elle à une mondialisation des idées, poussée qu’elle est par le vent des nouveaux savoirs, des besoins des jeunes, des appétits sans limites des plus grands, des plus riches ?
Prenant le relais du sociologue, le prêtre s’interroge sur la capacité qu’a l’Église à accepter le métissage culturel de chaque peuple, à reconnaître les valeurs de leur système de représentation et de leur être-au-monde. En ce qui concerne la terre, l’héritier mène un combat pour éviter une spoliation opérée par l’État ou des puissances étrangères (ce qu’on appelle le landgrabbing). Son combat, qui n’est pas seulement une défense de biens quelconques, prend la forme d’une croisade pour que les chefs de terres qui ont reçu ce « don de la terre » sachent faire valoir leurs droits, tout en restant ouverts aux échanges nécessités par le développement.
8 pages de cahier photos.
Yves Bourron a travaillé dans la communication d’entreprises. Auteur d’une douzaine d’ouvrages, romans, biographies et livres sur la sémiologie et la pédagogie, il exerce à présent des fonctions de médiateur.
Fiche technique