Ethnographie de la sécurité urbaine au Cameroun
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Pourquoi une famille aussi fluctuante, pour ne pas dire évanescente, voire même insaisissable, que la famille capverdienne pourrait-elle être considérée comme particulièrement bien adaptée aux conditions de ce début de vingt et unième siècle ?
Bien avant l’apparition d’Internet, depuis près de cent cinquante ans, confrontée à la migration, cette société insulaire a su apprivoiser la distance qui sépare durablement les membres d’une famille.
Animés d’une énergie contagieuse, ils inventeront progressivement la « famille à distance ». Étrange famille où le mariage semble avoir disparu, où les femmes élèvent seules leurs enfants, où des couples vivent longuement séparés et où des enfants sont confiés à des nourrices !
Pourtant un enjeu majeur relie les membres de ces familles : celui de se transmettre le « capital migratoire » considéré comme un bien précieux. À de rares occasions, vacances, mariages ou funérailles, les membres dispersés de la « famille à distance » se rassemblent. Vécus intensément, ces moments éphémères suscitent les échanges. La famille refait corps : elle se réajuste et transmet des histoires. Les selfies se chargeront ensuite d’en prolonger la mémoire.
Treize ans et vingt-sept voyages au Cap-Vert et dans la région de Boston aux États-Unis où résident deux cent soixante mille Américains capverdiens furent nécessaires pour reconstituer l’histoire de ces « familles à distance » sur plusieurs générations. Amours pragmatiques résulte d’une expérience humaine acquise d’une vie partagée avec ces familles. Par des récits détaillés, étayés et parfois poignants, l’auteur invite le lecteur à comprendre les fondements de la société capverdienne et au-delà, il l’introduit à des manières contemporaines de vivre la famille.
En filigrane, et en dialogue avec l’anthropologie de la parenté, l’ouvrage interroge à nouveau frais l’énigme que constitue la famille matrifocale. La société capverdienne est alors décrite comme le fruit d’une histoire qui a institué une société à « alliances confinées et à visites ».
Agronome, sociologue et anthropologue, Pierre-Joseph Laurent est professeur à l’Université catholique de Louvain, où il a cofondé le Laboratoire d’anthropologie prospective.
Après, vingt ans de recherches au Burkina Faso, il s’est tourné vers la société créole du Cap-Vert.
Il est notamment l’auteur de : Les pentecôtistes du Burkina Faso. Mariage, pouvoir et guérison (Karthala) et de Beautés imaginaires. Anthropologie du corps et de la parenté (Éditions Academia). Il a été élu membre de l’académie royale des sciences de Belgique en 2011.
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