Capital scolaire et pouvoir social en Afrique. A quoi sert le diplôme universitaire
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"Pourquoi protester ? Nous allons souffrir 5 ans et ensuite nous allons avoir notre diplôme et trouver un emploi. Alors nous serons au paradis." Ainsi s'exprimait Malika, étudiante de l'université de Kinshasa en 1988, traduisant par là la fonction légitimatrice dévolue au capital scolaire dans le processus de recherche hégémonique au Zaïre.
Peu importe dans ces conditions que l'université soit en voie de disparition, que ses diplômes soient totalement dévalués, et que le discours scolaire débouche désormais plus sûrement sur la prolétarisation des diplômés que sur l'accès aux responsabilités dans l'appareil d'État et à la classe de la non-existence à que leur entrée dans la confrérie des chômeurs. Dans la configuration actuelle des mécanismes d'exercice du pouvoir, la domination régulière aboutie de certaines classes n'est possible qu'à partir du moment où elles parviennent à monopoliser l'accès au pouvoir ou aux ressources nécessaires pour y arriver, au temps qu'elles jugent la montée des puissances d'instruction des masses.
Dès lors que se constitue autour du diplôme une nouvelle couche sociale - la bourgeoisie du diplôme - qui se fixe en fin de parcours des études, et dont les aspirations ne s'inscrivent plus dans le discours dominant comme suit l'expression des représentations politiques des classes dirigeantes en matière de justice sociale et de progrès, la crise éclate : la lutte pour la conquête du pouvoir se double du débat d'accession aux responsabilités des diplômes. Cette volonté s'exprime dans une stratégie de promotion sociale par l'école, dans un contexte marqué par l'abdication hégémonique du pouvoir et de la puissance que l'Université.
Makita-Makita KASONGO-NGOY est de nationalité zaïroise. Licencié en Sciences Politiques et Administratives de l'ancienne Université Lovanium de Kinshasa, Docteur en Sciences Politiques de l'Université de Lausanne. Ancien stagiaire au CRISP (Centre de Recherche et d'Information Socio-Politiques), Bruxelles. Co-auteur du dossier Congo 1967 (CRISP: 1968). Actuellement Premier Assistant à l'Université de Lausanne.
Fiche technique
- Auteur
- MAKITA-MAKITA KASONGO-NGOY
- Éditeur
- L'Harmattan
- Année
- 1989
- Pages
- 215
- Pays
République démocratique du Congo
"Pourquoi protester ? Nous allons souffrir 5 ans et ensuite nous allons avoir notre diplôme et trouver un emploi. Alors nous serons au paradis." Ainsi s'exprimait Malika, étudiante de l'université de Kinshasa en 1988, traduisant par là la fonction légitimatrice dévolue au capital scolaire dans le processus de recherche hégémonique au Zaïre.
Peu importe dans ces conditions que l'université soit en voie de disparition, que ses diplômes soient totalement dévalués, et que le discours scolaire débouche désormais plus sûrement sur la prolétarisation des diplômés que sur l'accès aux responsabilités dans l'appareil d'État et à la classe de la non-existence à que leur entrée dans la confrérie des chômeurs. Dans la configuration actuelle des mécanismes d'exercice du pouvoir, la domination régulière aboutie de certaines classes n'est possible qu'à partir du moment où elles parviennent à monopoliser l'accès au pouvoir ou aux ressources nécessaires pour y arriver, au temps qu'elles jugent la montée des puissances d'instruction des masses.
Dès lors que se constitue autour du diplôme une nouvelle couche sociale - la bourgeoisie du diplôme - qui se fixe en fin de parcours des études, et dont les aspirations ne s'inscrivent plus dans le discours dominant comme suit l'expression des représentations politiques des classes dirigeantes en matière de justice sociale et de progrès, la crise éclate : la lutte pour la conquête du pouvoir se double du débat d'accession aux responsabilités des diplômes. Cette volonté s'exprime dans une stratégie de promotion sociale par l'école, dans un contexte marqué par l'abdication hégémonique du pouvoir et de la puissance que l'Université.