Bangui chante. Anthologie du chant moderne en Afrique centrale

Ces chants d'orchestre modernes ont été produits ces trente dernières années, avec un "âge d'or" qui se situe vers 1985.

À partir de cette date, la crise économique affecte la fréquentation des bars où se produisent ces orchestres et diminue leurs recettes et la création de nouveautés de qualité. Chants de bar et de danse, ce ne sont pas pour autant des productions secondaires d'un art mineur, et on ne peut en négliger ni le style, ni le message.

Bien au contraire, certains sont des petits chefs-d'œuvre de construction littéraire. Y sont abordés les grands problèmes de l'existence humaine, le destin, la maladie, la mort, les difficultés et les souffrances de la vie ; non pas à partir d'idées abstraites, mais à travers l'histoire concrète d'une situation vécue. Ils retracent l'aventure de personnes qui y expriment leurs sentiments, leur vision du monde et des hommes.

Mais cette description de la condition humaine, souvent tragique, n'empêche ni la moquerie, ni l'ironie, ni l'humour ou la drôlerie, lesquels permettent une prise de distance face à la dureté du quotidien en le rendant supportable. Ils reflètent l'état de la société actuelle, surtout urbaine, société en voie d'acculturation soumise aux pressions de courants porteurs de valeurs souvent opposées, surtout ceux de la tradition africaine et occidentale.

Ces chants, témoins de leur temps, sont un lieu où surgit et se révèle ce conflit opposant deux conceptions différentes du monde et des rapports humains. En ce sens, il est important de les entendre.