Ce que murmurent les collines
« "La Maritza, c'est ma rivière..." a chanté Sylvie Vartan. Moi qui n'oserai pas chanter, je me contenterai de murmurer : "La Rukarara, c'est ma rivière..." Oui, je suis bien née au bord de la Rukarara, mais je n'en ai aucun souvenir, les souvenirs que j'en ai sont ceux de ma mère et de son inconsolable nostalgie. »
Ainsi commence cette suite de nouvelles rwandaises, belles et poignantes, où coulent les tourments et les espoirs de tout un peuple.
Se souvenir de tout, et de la mère avant tout, qui, dans sa nostalgie d'exilée, pare la rivière Rukarara de toutes les merveilles de la légende. Et se souvenir des histoires que murmurent les collines : pourquoi Viviane, même nue, porte-t-elle autour de la taille une cordelette où s'accroche un minuscule morceau de bois?... Et puis, entre la Bible et les aventures de Titicarabi, y a-t-il d'autres livres? La narratrice ne le croit pas... Et le règne d'un roi peut-il nous être conté par une vache?... Et si l'on chasse de la colline celle sur qui s'accumulent les malheurs, chassera-t-on grâce à ce bouc émissaire le Malheur inhérent à la condition humaine?... Mais Cyprien le Pygmée, rejeté de presque tous, aura, lui, un fier destin.
Ces histoires s'enchâssent avec maestria comme les tesselles d'une mosaïque.
Les mots de Scholastique Mukasonga coulent, cristallins, de mémoire en mémoire, jusqu'à nous montrer, même quand passe le malheur, toute la beauté de la vie.
Née en 1956 à Gikongoro, au Rwanda, qu’elle a dû quitter pour le Burundi en 1973, Scholastique Mukasonga est venue en France en 1992 et s’est installée en Normandie.
En 1994, sa famille demeurée au pays est victime du génocide, et c’est en 2006 qu’elle publie un premier témoignage autobiographique, Inyenzi ou les Cafards, suivi par d’autres : La Femme aux pieds nus, consacré à la mère assassinée de l’auteur, ou L’Iguifou, sur les déplacés de Nyamata.
Fiche technique
- Auteur
- SCHOLASTIQUE MUKASONGA
- Éditeur
- Gallimard / Continents noirs
- Année
- 2014
- Pays
- Rwanda