Chapeau de brousse et Chéchia
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Témoignage sur la pacification en Algérie.
De rares cris seulement ont été poussés de Sainte Marthe au quai d’embarquement. Les camions filaient vite. On était pris en main et lassés, on se laissait faire à présent. Fréjus était loin. L’Armée reprenait ses droits. Instants pénibles de la longue attente : des cartes postales écrites à la hâte, des vendeurs de journaux et de sucrerie, des promenades solitaires sur les immenses quais, le spectacle de notre bateau (le président de Cazalet) qu’on finit de charger. Nous guettions impatiemment le moment d’embarquer, on voulait le voir arriver le plus tôt possible. Pour savoir quel sort serait le nôtre !
Nous savions en effet bien peu de choses : nous étions dirigés sur Tébessa via Bône et nous serions ensuite répartis dans les cinq compagnies d’un bataillon d’Infanterie Alpine. Enfin, on embarquait et, doucement, le bateau, tiré par ses remorqueurs, prenait le large.
La côte, très lentement, s’éloignait. On dépassait le château d’If. Tous à l’arrière, nous fixions intensément cette côte de France et même les moins pieux adressaient à la Bonne Mère la prière émue de ceux qui partent mais ne savent pas s’ils reviendront. Ibis redibis numquam… La mer, peu à peu, absorbait cette douce vision du pays et le sillage du bateau, seul, rompait la monotonie des vagues comme chargées de notre mélancolie, de notre méfiance, du malheur actuel qu’on n’avait pas préparé.
Né en 1930 à Bessan (Hérault), Roger Rouch s’installe à Cajarc dans le Lot en 1968. Il n’en repartira plus. Marié, père de sept enfants, il a occupé des fonctions administratives importantes, notamment comme chef de subdivision à la Direction Départementale du Lot tout en étant un acteur de premier plan dans la vie associative et religieuse. Il est également le correspondant local de l’Hebdomadaire départemental « la vie quercynoise » et est très impliqué dans diverses activités (notamment des associations comme le MCR ou le club du 3ème âge).
En 1956, comme d’autres jeunes Français de son âge, Roger Rouch est rappelé en Algérie au Fort de Guentis dans les Aurès. A son retour, en 1957, marqué par son séjour, il milite pour la paix en Algérie et raconte son expérience de rappelé dans un récit au titre évocateur de « Chapeau de brousse et Chéchia ».
Le manuscrit dormira dans ses tiroirs jusqu’à sa rencontre avec l’éditeur Dr Daniel SEGLA pendant l’édition 2012 du festival Africajarc. Une amitié naît de cette rencontre et aboutit à la publication un an plus tard de ce livre rafraîchissant de générosité.
« Chapeau de Brousse et Chéchia » est son premier ouvrage. Il est publié dans la collection Essais-Récits aux Nouvelles Editions Monde Global.
Fiche technique
- Auteur
- ROGER ROUCH
- Éditeur
- Monde Global Editions nouvelles
- Année
- 2013
- Pages
- 186
- Pays
Algérie
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Nous savions en effet bien peu de choses : nous étions dirigés sur Tébessa via Bône et nous serions ensuite répartis dans les cinq compagnies d’un bataillon d’Infanterie Alpine. Enfin, on embarquait et, doucement, le bateau, tiré par ses remorqueurs, prenait le large.
La côte, très lentement, s’éloignait. On dépassait le château d’If. Tous à l’arrière, nous fixions intensément cette côte de France et même les moins pieux adressaient à la Bonne Mère la prière émue de ceux qui partent mais ne savent pas s’ils reviendront. Ibis redibis numquam… La mer, peu à peu, absorbait cette douce vision du pays et le sillage du bateau, seul, rompait la monotonie des vagues comme chargées de notre mélancolie, de notre méfiance, du malheur actuel qu’on n’avait pas préparé.