D’un continent à l’autre, une famille souffre, se déchire, tente de se retrouver. Les âmes chagrines de ce beau roman trouveront-elles l’apaisement ?
Tout était flou, comme si le monde autour de lui s’effilochait doucement, irrémédiablement. Il eut la nausée. Plus rien n’avait de sens. Antoine était persuadé de n’avoir reçu que deux choses de la vie : l’aptitude à nuire, la maîtrise de cette faculté.
Antoine, alias « Snow », est un jeune subsaharien vivant dans l’Intra Muros. Issu d’une famille du Mboasu, il cultive une haine farouche contre une mère l’ayant trop peu aimé, un frère trop parfait. Ses rares visites sur le Continent ne sont que mauvais souvenirs.
Rêvant de gloire et d’argent facile, ce dandy misanthrope vit au crochet des autres, bâtissant un monde dénué de sens. Cette « plante à la fois épineuse et vénéneuse » grandit dans le ressentiment et la solitude jusqu’à ce qu’un jour, l’illusoire stabilité égoïste commence à s’effriter…
Ce très beau roman marque par sa justesse de ton et la psychologie finement travaillée des personnages. Dans cette famille et son lot de malheurs nés de secrets et d’incompréhension, chacun trouvera un moyen de se protéger de ses peines dans le déni, l’agressivité, le mensonge, la folie, la mort.
Roman sur la souffrance donc, mais aussi roman d’apprentissage mettant en scène ce personnage tourmenté, Antoine, qui devra trouver une paix intérieure. Cet anti-héros narcissique et agressif nous montre à travers son parcours à quel point l’amour filial construit un homme.
Dans un récit temporellement désaxé, le lecteur s’approprie peu à peu l’histoire de plusieurs générations de cette famille maudite – qui n’est pas sans rappeler les Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Ces âmes chagrines présente également une peinture naturaliste saisissante du quotidien des immigrés à Paris, entre galères et ambitions. Un reportage précis qui se met au service d’une histoire captivante jusqu’aux dernières pages.
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