L'étrange destin de Wangrin
Un classique incontestable et indispensable.
Wangrin est un interprète de l’administration coloniale dans les années 1910.
Il est issu de « l'école des otages » ainsi nommée par la-dite administration car on y envoyait de force tous les fils de chefs pour leur donner un enseignement de qualité et créer ainsi une élite moderne tout en calmant les éventuelles ardeurs contestataires.
À l'époque, le rôle de l'interprète était majeur. Muni d'un « certificat d'études primaires indigènes » et maîtrisant plusieurs langues africaines en dehors du français, Wangrin sut s'attirer la confiance du commandant de région et joua un rôle important en lui servant de conseiller et de secrétaire.
Ce poste privilégié permit à Wangrin de gagner de l'argent – beaucoup d’argent – au détriment de l’administration coloniale et des commerçants locaux. Il faut dire que Wangrin choisit de se placer sous le signe du dieu « Gongoloma Soké », dieu bizarre et ambigu car « à la fois bon et mauvais, sage et libertin ».
De poste en poste, d'entourloupes en « tours carabinés », Wangrin finit par acquérir au faite de sa gloire, une vraie fortune qu'il utilisa aussi largement – et discrètement comme il se doit – à aider les pauvres et les nécessiteux.
Robin des Bois Toucouleur, le livre narre avec truculence les ruses de cet homme véritablement noble, particulièrement intelligent et fin connaisseur des ambitions humaines ; ce qui ne l’empêchera pas de finir son existence spolié et ruiné.
On pourrait penser qu’il s’agit là d’un conte contemporain sur l’ambition, sur l’administration coloniale, sur les pratiques religieuses au Sahel au début du XXe siècle mêlées d'islam et de fétichisme ou d'un portrait d’une vraie personnalité, d’une espèce de Rastignac africain en beaucoup plus sympathique.
En fait, ce livre est bien plus que cela : Wangrin a réellement existé et ce livre est la narration de sa vie écrite à la demande expresse de l’intéressé.
Ce livre nous plonge loin dans l’espace et le temps à des moments qui font aujourd’hui partie de notre histoire. Guidé par ce personnage attachant, nous abordons des rivages qui seraient totalement oubliés sans cet ouvrage qui fourmille de détails sur les modes de vie, les croyances, les différentes composantes de la société africaine.
Reflet d'une époque, cette biographie picaresque fait date et se dévore en offrant d'agréables moments de lecture.
Né à Bandiagara, en pays dogon, dans une famille peule, Amadou Hampâté Bâ est, en tant que fils de chef, envoyé à l’école française. Il se rend à Djenné, Kati, Bamako puis Dakar à l’École Normale William Ponty.
Il occupe ensuite diverses fonctions dans l’administration coloniale en Haute-Volta puis au Mali. En 1942, il rejoint l’Institut français d’Afrique noire.
À l’indépendance, il exerce un rôle d’intermédiaire entre son pays et le Sénégal puis est élu au Conseil exécutif de l’Unesco en 1962.
À partir de 1970, il se consacre à son oeuvre, publie un récit, L’Étrange Destin de Wangrin en 1974, puis Vie et enseignement de Tierno Bokar, le Sage de Bandiagara, en 1980, ainsi que la transcription et traduction de nombreux textes traditionnels (Kaïdara, Koumen, Djeddo Dewal, mère de la calamité).
Il travaille aussi à la rédaction de ses Mémoires qui seront publiés après sa mort.
Fiche technique
- Auteur
- AMADOU HAMPÂTÉ BÂ
- Éditeur
- 10/18
- Année
- 1999
- Pages
- 381
- Pays
- Mali
L'etrange destin dewabgrin
Excellent livre