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La société ivoirienne a toujours été, depuis les temps anciens, une société multiculturelle, forte, unie et de paix.
Cette diversité culturelle, spécifique et unique, positionne la Côte d'Ivoire comme un carrefour majeur de l'Afrique de l'Ouest. Si le pays a su tirer, du pluralisme ethnique, des avantages, il ne s'avère pas moins que celui-ci présente aussi des risques de conflit. La situation générale, mais particulièrement la situation sociale, est devenue progressivement délétère, au point de provoquer - ce qui a toujours été craint - la cassure sociale avec la montée du chômage et une crise économique permanente.
La Côte d'Ivoire, pays d'accueil et d'hospitalité, est devenue, depuis ces dernières années, celui des affrontements entre autochtones et étrangers. Ainsi, d'une coexistence pacifique entre Ivoiriens et Etrangers, la Côte d'Ivoire en est-elle arrivée à une situation de « guerre froide », où tous les faits et gestes de l'autre sont aussitôt interprétés et sujets à des affrontements. Ce repli identitaire des Ivoiriens pose avec acuité la question de l'immigration, devenue un véritable défi. Car, l'une des aspirations majeures des sociétés ivoiriennes, permanentes à travers toutes les époques, a été la recherche de l'harmonie sociale, de la convivialité et de la solidarité. La fracture n'intervient pas seulement entre Ivoiriens et non-Ivoiriens, elle s'opère aussi entre communautés ivoiriennes et, le plus souvent, à un niveau quotidien. L'intolérance se fait jour partout, submerge la presse, envahit le débat politique. L'image de la Côte d'Ivoire, terre de stabilité et de paix, en sort déchirée...
Il est donc temps que les Ivoiriens dans leur ensemble se ressaisissent, Ivoiriens de souche et Ivoiriens d'adoption, en se remémorant les valeurs permanentes de ce pays, qui ont traversé tous les siècles : valeurs de solidarité, de convivialité et d'harmonie sociale, faisant de la Côte d'Ivoire un lieu de brassage, où se sont gravées à jamais les quatre grandes aires culturelles qui en font sa richesse, et dont les racines socio-culturelles de chacune d'entre elles prolongent la Côte d'Ivoire dans les Etats circonvoisins.
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Simon-Pierre Ekanza, Ivoirien, né en 1942 à Bongouanou, est historien, doyen de l'ex-Faculté des lettres et sciences humaines d'Abidjan, et auteur de plusieurs publications sur l'Afrique ancienne, la colonisation française, les peuples du golfe de Guinée et la Côte d'Ivoire.
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