Alors que les opérations militaires consacrent le droit de la force concédé aux soldats, la justice prescrit la force du droit que le juge fait prévaloir.
Ces deux vérités peuvent-elles cohabiter ? Ne s’opposent-elles pas ? Que se passe-t-il lorsqu’elles se rencontrent ? L’affaire Mahé fut le temps de cette confrontation. Le procès en cour d’assises de soldats accusés du meurtre d’un coupeur de route en Côte d’Ivoire, dans le cadre d’une mission de rétablissement de la paix, ouvre des débats qui dépassent de loin le seul droit : sur le caractère sacré de la mission ; sur le sens et le niveau d’engagement des soldats – sur leur nature même : soldats de plomb ou de chair et d’émotion ? L’éthique, l’obéissance, la légalité versus la légitimité, l’inacceptable s’invitent dans les neuf jours d’audience que mène un juge exemplaire qui cherche à comprendre pour bien juger. C’est l’objectif que poursuit ce livre, qui place le lecteur en situation de construire son intime conviction.
« On ne sort pas indemne d’une telle lecture qui lève le voile sur les conditions dans lesquelles interviennent « nos » soldats lorsqu’ils participent à des opérations extérieures, sur les difficultés qu’ils rencontrent, sur les cas de conscience auxquels ils sont confrontés.
» Bruno Cotte
« Les militaires n’ont pas le luxe de pouvoir choisir entre le Bien et le Mal.
Leur choix s’opère souvent entre le mal et le pire.
Saint-Cyrien, ancien colonel des troupes de montagne, Éric Burgaud est breveté de l’école de guerre.
Engagé sur de nombreux théâtres d’opérations extérieures, il a notamment vu le prix Nobel de la Paix attribué aux forces de maintien de la paix de l’ONU qu’il servait comme Casque bleu au Liban en 1988.