Joseph du Sorbiers de la Tourrasse (1866-1931) n’a que vingt ans et un bagage universitaire limité quand, en 1886, il quitte la France et part au Sénégal pour y servir une société de commerce.
Pendant quatre ans, il va apprendre puis pratiquer le métier de traitant de l’arachide et de la gomme.
Il trouve pourtant le temps de chercher à connaître les populations qui l’entourent, allant jusqu’à remettre parfois en cause le bien-fondé et l’efficience de notre présence au Sénégal. Ses souvenirs nous offrent le rare tableau de la vie quotidienne d’un traitant tout au bas de la hiérarchie, qui décrit très en détail son métier et nous propose une image fine et sensible du pays.
C’est un moment marquant : ouverture du chemin de fer Dakar–Saint-Louis, nombreuses opérations militaires coloniales.
Les chefs traditionnels sont remplacés par des administrateurs, les paysans par des producteurs reliés au marché de l’arachide.
Un texte intelligent et sensible jusqu’à présent resté injustement ignoré des bibliographies et des travaux portant sur le Sénégal de la fin du XIXe siècle.