Atomoli ou l'ironie de la vie

« Mi-février 2020. Les chaînes des télévisions nationales et internationales furent toutes saisies de fébrilité et de convulsions soudaines. Sur un fond d’affolement collectif, elles diffusèrent en continu, une information qui retint cruellement l’attention de toute l’humanité : la naissance d’une nouvelle et étrange maladie appelée le coronavirus qui tyrannisait le monde avec une célérité déconcertante et poignante et décimait à grande échelle les peuples. Selon ces chaînes de télévision, cette maladie, dont le premier foyer d’éclosion fut une ville de la Chine depuis novembre de l’année écoulée, ne sembla pas, au début de son apparition, terrifier l’Occident, tant qu’elle resta localisée dans le lointain pays de l’Orient. »

L'occasion de ce second roman, après la publication en 2018 de Les animaux sauvages se mangent entre eux, est toute belle pour souligner la spécificité littéraire du dernier né de l'auteur.
Un roman idéaliste au sens que lui accordent les philosophes et les puristes de la critique littéraire, si l'on s'attarde sur sa dimension cathartique ou thérapeutique. Entendre par-là un roman purgatoire des émotions fortes, un roman qui guérit, qui soulage, qui fait du bien, qui soigne.
Roman idéaliste par son style ancré sur l'usage à foison du dialogue comme moment dialectique de partage d'expériences humaines, d'écoute, d'acceptation de l'autre ; roman idéaliste par son éthique qui rend possible la victoire finale de l'atomolisme sur l'absonamisme, de la vérité sur le mensonge, de la lumière sur les ténèbres ; enfin, roman idéaliste invitant à l'introspection personnelle et à la spiritualité, à la méditation, afin de répondre à cette interrogation fondamentale : savoir si nous sommes des apôtres du bien à tout instant de notre existence, Atomoli ou l'ironie de la vie fournit à la littérature ivoirienne un chaînon supplémentaire de son fonctionnalisme : un cadre herméneutique de spiritualité collective.
Pr Jean-Fernand BEDIA