Universaliser. "L'humanité par les moyens d'humanité"

« L’orgueil d’être différent ne doit pas empêcher le bonheur d’être ensemble »,
Léopold Sédar Senghor.

Souleymane Bachir Diagne a mis la question de l’universalité et des singularités au cœur de sa réflexion et de son engagement, appelant à un universel riche de tous les particuliers.

Dans cet essai qui fait brillamment dialoguer les cultures, le philosophe montre que l’universel tient compte du pluriel du monde, mais que l’humanité n’est pas une juxtaposition de tribus. Aucune région du monde ne peut à elle seule décréter ce qu’est l’universel, il nous faut le forger ensemble, même si penser l’humanité dans sa totalité est une tâche infiniment difficile. Cela passe notamment par le refus d’un « universel de surplomb », impérial, dicté par une culture qui estimerait qu’elle seule est porteuse d’universalité sur la base de ses propres particularismes, et par la décolonisation des catégories du savoir : les connaissances circulent, ont une histoire plurielle, des langues et des géographies multiples. Cela passe aussi par le métissage, non pas physiologique, mais moral, et par la défense d’une « cosmopolitique », c’est-à-dire d’une politique de l’espèce humaine dans sa globalité. Il faut, plaide le philosophe, initier les jeunes générations à une philosophie du décentrement et à un devoir éthique, celui de considérer l’universel comme une tâche commune.

À l’heure où triomphent les principes ethno-nationalistes, les tribalismes, les comportements de domination et de prédation entre les nations et les cultures, Souleymane Bachir Diagne choisit donc d’avoir foi en l’humain en défendant l’universel comme l’œuvre commune de l’humanité.