L'Or des rivières
Nimrod déploie, dans une succession de tableaux, des récits dans lesquels il réenchante les souvenirs d'enfance et revient aux origines de son tempérament contemplatif.
Revenant au pays comme chaque année pour visiter sa mère, Nimrod emprunte aux premières lueurs de l’aube les ruelles ocre de son quartier d’antan.
Par-delà les années la vieille dame n’a pas bougé, et pour son fils exilé, voyageur lettré de passage en ce monde dont elle préserve l’intemporelle réalité, un sentiment soudain se précise :
“C’est ma mère qui invente ce pays. Comme j’ai mis longtemps pour formuler cette idée. Elle est si simple pourtant. Dépouillé depuis toujours de la moindre de mes richesses, surtout lorsque j’ai eu dix-neuf ans – qui est l’âge de la guerre civile –, le pays ne cesse de me piller. Ma mère incarne ce dénuement. Aux poètes tchadiens – présents et à venir – je dédie cette parcelle de nudité que même la fraîcheur matinale dédaigne désormais. Il faut beaucoup d’imagination pour lui trouver un attribut maternel. C’est mon rôle à moi qui suis poète. Ma mère invente le Tchad.”
A partir de ce subtil hommage, Nimrod évoque les bonheurs passés et les rares moments de partage avec son père, grand absent de sa vie, comme si dans l’enfance il percevait déjà l’inévitable départ et dès lors s’efforçait de préserver en lui un refuge aux dimensions de l’univers : la poésie est fille de mémoire.
Poète, essayiste et romancier, Nimrod est né au Tchad et vit en France depuis plus de vingt ans.
Après Les Jambes d’Alice (2001 ; Babel n° 864) Le Départ(2005), Le Bal des princes (2008), Un balcon sur l’Algérois (2013) est son quatrième roman de publié par Actes Sud.
Récemment chez Actes Sud : L’Or des rivières (recueil de récits poétiques, 2010).
Son oeuvre poétique est publiée aux éditions Obsidiane.