Un tombeau pour Kinne Gaajo
Le retour d'un grand romancier africain. Un roman magistral sur la quête de la vérité d'une femme fascinante.
Dans la nuit du 25 septembre 2002, le Joola, qui assurait la liaison entre le sud du Sénégal et Dakar, sombre dans les eaux de l'Atlantique. Conçu pour cinq cent cinquante passagers, il en transportait quatre fois plus dans d'épouvantables conditions, faisant de cette tragédie le naufrage le plus meurtrier de l'histoire.
Le lendemain matin, Njéeme Pay, célèbre journaliste politique d'une radio privée sénégalaise, reçoit une terrible nouvelle : parmi les victimes, on a recensé son amie d'enfance, Kinne Gaajo.
Njéeme Pay s'improvise alors biographe pour tenter de comprendre celle qui fut sa "plus-que-soeur". Écrivaine de génie, Kinne était aussi prostituée professionnelle, autant pour fuir la misère que par goût du scandale. Du taudis de Thiaroye où elle recevait ses clients, aux routes du monde, entre Mexico et Johannesburg où elle participait à des débats quelque peu délirants sur la création poétique, Kinne Gaajo prend vie sous la plume émerveillée et tendrement ironique de Njéeme Pay.
Le grand écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop nous emporte dans les méandres de son pays qu'il connaît si bien, à travers les villages qui tentent de survivre à la modernité, mais aussi au coeur des villes où le monde des médias et celui de la politique rivalisent de cynisme pour asseoir leur pouvoir... Il nous offre surtout la figure inoubliable de Kinne Gaajo, si sauvagement libre qu'après sa disparition tout irradie encore de sa présence.
Romancier et essayiste, Boubacar Boris Diop a été le tout premier lauréat en 1990 du Grand Prix de la République du Sénégal pour les Lettres. Après un séjour au Rwanda, il publie en 2000 son roman le plus connu, Murambi, le livre des ossements (Stock, 2000 ; Zulma, 2011 ; Flore Zoa, 2021), sur le génocide des Tutsi, salué par Toni Morrison comme un « miracle ».
Fondateur de defuwaxu.com, unique quotidien wolof en ligne du Sénégal, et de EJO, maison d’édition dakaroise en langues nationales, son premier roman en wolof, Doomi Golo, a été traduit en français (Les petits de la guenon, Philippe Rey, 2009), en anglais et en espagnol ; il a également proposé en 2015 une version wolof de la pièce d’Aimé Césaire Une saison au Congo.
Diop a été lauréat en octobre 2022 du Prix international de littérature Neustadt qui a récompensé avant lui des auteurs contemporains majeurs parmi lesquels Gabriel García Márquez, Giuseppe Ungaretti, Octavio Paz, Francis Ponge et Max Frisch. Il a également reçu en avril 2019 le prix Harold et Ethel L. Stellfox de l’université de Dickinson pour l’ensemble de son oeuvre.
Parallèlement à une œuvre de fiction réputée particulièrement exigeante, Diop conduit une réflexion sans concession sur les problèmes du continent africain et sur les grandes questions de notre époque. En témoignent un recueil d’essais tel que L’Afrique au-delà du miroir (Philippe Rey, 2007) ou Négrophobie (avec Odile Tobner et François-Xavier Verschave, Les Arènes, 2005) ou encore La gloire des imposteurs, lettres sur le Mali et l’Afrique (Philippe Rey, 2013), fruit de ses échanges amicaux avec Aminata Dramane Traoré.
Le dernier roman de Boubacar Boris Diop, Malaanum lëndëm, en cours de traduction en français, se situe au Nigeria où il a enseigné pendant quatre ans la littérature à l’American University of Nigeria.
Fiche technique
- Auteur
- BOUBACAR BORIS DIOP
- Éditeur
- Philippe Rey
- Année
- 2024
- Pages
- 346
- Pays
- Sénégal