Chocolaté. Le goût amer de la culture du cacao

Si le chocolat est instantanément associé au plaisir et à la gourmandise, Chocolaté ébranle avec force cette image du réconfort.

Alors que les pays d’Afrique fournissent environ les deux-tiers de la production mondiale de cacao, que se cache-t-il derrière le commerce de cette matière première parmi les plus prisées au monde ? Au Nord, petits et grands raffolent de desserts et friandises, mais sont-ils conscients de la misère que la « cacaomania » inflige à l’Afrique ? 

À dix ans, Abéna travaille avec son grand-père dans des plantations de cacao au Cameroun. Ce vaillant petit général des forêts équatoriales va vite prendre la mesure des dégâts humains et environnementaux causés par la monoculture de la précieuse fève à la base du chocolat. À travers le parcours d’Abéna, l’écrivain, sculpteur et militant écologiste camerounais Samy Manga nous révèle le côté obscur de la culture du cacao, emblématique des rapports économiques néocoloniaux qu’entretiennent les multinationales de l’or vert avec les pays du Sud.

Pauvreté des producteurs, travail forcé des enfants, délitement des communautés, empoisonnement aux pesticides, contamination des eaux et des sols, déforestation massive, perte de biodiversité… Pour les pays producteurs africains qui ne touchent qu’une infime fraction des dizaines de milliards de dollars engrangés chaque année par l’industrie, la culture du cacao a un goût bien amer.

Dans ce récit vivant où s’entrecroisent habilement l’élan poétique, la transmission de la mémoire ancestrale et l’indignation politique, Samy Manga nous emmène au pays de son enfance, sous le grand manguier où se tient la vente annuelle du cacao. Une autofiction touchante et révoltée qui se veut aussi chant d’amour à la dignité humaine.