Cours de pulaar dispensé aux étudiants pulaarophones du 1er cycle de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université
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Chez les Kôngo, le nom est un élément constitutif de la personnalité. Il caractérise et individualise tout être humain, mais ne représente pas une simple étiquette.
C’est le vocable Zina ou Dizina (pl. Mazina) qui est employé chez les Kôngo pour désigner le nom. Ce terme se retrouve d’ailleurs dans le parler mahorais (Mayotte) à travers lequel il se prononce « Dzina ». Ainsi la phrase mahoraise suivante « dzina laho mbani ? » signifie : quel est ton nom ? Et en Kongo, la même question s’énoncerait : « Zina dia ngeye nani ? ». Il est à noter que le Shimaoré est une vraie mémoire du kikongo ancien.
Dans l’espace Kôngo actuel, c’est le mot N’kumbu qui est le plus utilisé pour désigner le nom d’une personne. Mais ce mot N’Kumbu a plusieurs déclinaisons, dont celle servant à l’itération : N’kumbu i mosi ; N’kumbu zolé ; N’kumbu tatu ; … une fois ; deux fois ; trois fois ; …
Une observation attentive montre que pour la dation des noms, les anciens Kôngo recouraient à des sources très diverses : les animaux, les poissons, les plantes, les cours d’eau, les choses ou objets de tout genre, les événements et circonstances de la vie courante, les phénomènes atmosphériques, les éléments topographiques, les rites d’initiation, etc.
En définitive, le « dizina dia musi kôngo » (nom d’un citoyen kongo) est bien plus qu’une appellation puisqu’il est censé être en étroite relation avec la personnalité de l’être qui le porte. Il est l’être même, voire ce à quoi il doit tendre.
Ce lexique des anthroponymes kongo (lutangulu lua mazina), qui n’est qu’à sa première version, est naturellement appelé à évoluer avec la contribution de ceux qui pourront être amenés à s’intéresser à cette initiative sur la dation des noms.
Richard Serge Zingoula est un Kôngo, originaire du Congo-Brazzaville.
Scientifique de formation, professeur certifié de technologie, chargé de missions en technologie, il est formateur dans l’académie de Mayotte, Richard Serge Zingoula est un chercheur indépendant en linguistique. Il est passionné d’ethnologie, d’anthropologie, de sociologie, de culture générale et d’histoire.
Il pose, à travers cet ouvrage, un référentiel qui se veut évolutif afin que les Kôngo ainsi que les afro-descendants d’origine Kôngo se réapproprient leur culture par la connaissance de leurs anthroponymes.
Fiche technique