Avant que la révolution débute en décembre 2018, et aboutisse à la chute d’Omar al-Bashir, le Soudan portait l’image d’un pays marqué par les guerres civiles et dirigé par une dictature militaire d’inspiration islamiste.
Pourtant, malgré cette invisibilisation et la puissance d’un appareil répressif et de contrôle social les Soudanais ont massivement contesté ces dix dernières années.
Ce livre décrypte les transformations du militantisme urbain au travers de l’analyse de nouveaux mouvements de contestation.
Ces organisations sont devenues des acteurs majeurs de la contestation grâce à des actions protéiformes et innovantes.
Elles ont tenté de repolitiser l’espace public, de déclencher des soulèvements, de mener des campagnes internationales…
Au travers d’une ethnographie de longue durée, cette recherche montre la manière dont ces rébellions se construisent au plus proche, dans l’entrelacs des réseaux de solidarité familiale, de quartier, de classe et s’insèrent dans les contre-cultures de la jeunesse urbaine.
Ces groupes se sont inspirés de mouvements horizontaux d’action directe qui ont essaimé dans le monde depuis les années 2000 et ont essayé d’inter/transnationaliser leur lutte en s’appuyant sur la diaspora soudanaise.
Ces processus de circulation leur ont permis de se saisir de nouvelles ressources tout en renforçant les rapports de domination internes.
Au-delà du cas soudanais, cette recherche noue un dialogue « indiscipliné » entre anthropologie, sociologie de l’action collective et géographie radicale.
Elle contient également une invitation à la réflexion sur la tension entre la nécessité de l’enquête empirique dans des situations de violence et les difficultés pratiques et éthiques d’une telle démarche.
Enfin, en reconstruisant les pratiques et les trajectoires des militants, cet ouvrage entend donner des clés pour décrypter les dynamiques actuelles de la « Révolution de décembre ».
Soudan
