Une fenêtre ouverte
Aminta Ngom est folle. Elle le sait, n'en a nulle honte.
Sa souffrance, elle la promenait avant dans les rues de Dakar, elle l'endure aujourd'hui entre les murs de la cour familiale, elle la raconte devant la caméra.
Derrière mais aussi face à la caméra, Khady Sylla, la réalisatrice, dit et filme la douleur. Leur douleur à chacune, non pas dans un partage illusoire, mais posée, exposée lors de leurs échanges bavards ou muets, côte à côte, comme les fragments de ce miroir brisé qu'on entrevoit et dont parle la réalisatrice.
Portrait, autoportrait : de qui ? De la maladie, des errements urbains, de la folie, de deux femmes, Aminta Ngom et Khady Sylla, d'une Afrique fantôme ? C'est sur ces questions que s'ouvre grand la fenêtre du film.
Khady se focalise sur Aminta, sur son mal-être, sur son regard au loin, sur ses phobies, sur son enfermement dans la cour dont la famille craint de la laisser sortir, sa propre difficulté d'être au monde.
Bien consciente que tout commentaire étouffe la vision, le regard que pose sur elle Khady n'est pas d'explication. Elle se concentre non sur un contenu mais sur cette tension, cette folle énergie de l'image dont parlait Deleuze.
En écho, ses textes décrivent sa propre dérive, avec une poésie qui restaure la séparation, la distance.” (Olivier Barlet - Africultures)
Langues : Wolof, Français, sous-titres Français, Anglais
Fiche technique
- Auteur
- KHADY SYLLA
- Année
- 2008
- Durée (minutes)
- 52
- Pays
- Sénégal