Afrique, les métiers de la rue de Sébastien Tézé et Guy Foumane
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Afrique, les métiers de la rue


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Ils sont laveurs de voiture, vendeurs de fruits, marchands de sables en pirogue, revendeurs de médicaments, fabricants de cocottes, casseurs de cailloux, chasseurs de serpents… Ce sont les petits métiers de la rue.

Sur le continent africain, l’économie informelle s’est imposée comme la première source de revenus pour ses habitants. La rue est devenue un terrain propice au commerce en tout genre. 

Vitrine de l’informel, trottoirs et chaussées constituent le creuset de toutes les ressources humaines. 

Aujourd’hui, deux citadins sur trois vivent de l’activité de la débrouille. Chacun peut trouver une place et construire son "business". C’est aujourd’hui la seule manière pour survivre dans une société en plein développement économique et bousculée par les inégalités.

A Yaoundé, la capitale du Cameroun, nous suivons le quotidien de ces gens qui travaillent pour survivre. A travers dix portraits de ces travailleurs de la rue, nous donnons à voir la réalité de l’Afrique.

A savoir que ce continent bouillonne d’énergie, que ses habitants en sont les acteurs principaux et que leur modèle de société n’est comparable à aucun autre car basé sur une stratégie de survie.

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Man Pass Man 

Impotent à 5 ans suite à la mal tolérance du Quinimax qui lui fût injecté pour soigner un violent palu, le jeune Benoît MOMO, trente ans et pratiquement sans jambes, a du réviser sa vision du destin qui le destinait dès lors à la mendicité éternelle, comme la plupart de ses congénères.

Refusant toute marginalisation, Man Pass Man (entendez "l’homme qui a dépassé l’homme", phrase galvanisante qui allait devenir son surnom), se lance à quatorze ans dans une petite activité commerciale, grâce à laquelle il parvient à vivre dans le petit studio qu’il partage avec son épouse, enceinte de sept mois.

Dans l’attente de devenir papa, Man Pass Man sillonne les marchés de Yaoundé pour écouler sa marchandise, essentiellement des friandises et des cigarettes qu’il propose dans un panier suspendu à son cou.

S’il n’ignore pas que l’essentiel de sa recette journalière découle du sentiment de pitié que son état procure à sa clientèle, Man Pass Man poursuit sereinement son bonhomme de chemin… en rampant ! 

Une carrière dans la pierre 

Des dizaines de femmes tout âge confondu affrontent, pour survivre, un quotidien peu ordinaire : casser du granit par la seule force de leurs bras malgré, pour certaine, une santé délabrée.

Mères de nombreux enfants, sans ressources et délaissées pour la plupart par leur mari, elles n’ont eu d’autre alternative, au soir de leur vie, que cette reconversion au métier de "concasseuse".

Ainsi, dans une curieuse carrière à Ngousso, banlieue ouest de Yaoundé, elles parviennent à produire un gravier d’une qualité appréciable en dégrossissant progressivement de gros blocs de pierre à l’aide de pioches, de marteau-piqueur et de masse.

Bravant les intempéries, l’environnement hostile, la concurrence des hommes, la rudesse du travail et surtout leurs maigres revenus, nos intrépides femmes s’activent tous les jours avec ardeur, pour subvenir aux besoins de leur famille.

Docteur de trottoir 

Tapi au coin d’une rue, "Président", 34 ans, écoule allègrement et à des prix concurrentiels des produits pharmaceutiques de première nécessité.

Le côté illégal de son activité, par ailleurs très mal accepté des pharmacies officielles disposant d’une dérogation des pouvoirs publics obtenue à prix d’or, ne semble point émouvoir notre "Docteur de trottoir", qui n’hésite pas accessoirement à se muer en conseiller ou diagnostiqueur de divers maux.

L’état camerounais a bien essayé de mettre un terme à son activité, mais s’est souvent heurté à une vive levée de boucliers de la frange de population la plus démunie, incapable de se payer en pharmacie des médicaments le plus souvent hors de prix.

Ce d’autant plus que les produits de "Président", s’ils ont quelques lacunes avérées et assez souvent décriées (dates de péremption douteuse, faux comprimés, doses contrefaites…) parviennent pourtant à soulager plus d’un.

La misère ambiante aidant, ce n’est pas demain que "Président", qui ne voit là qu’un tremplin vers plus d’autonomie financière, cessera de flirter avec le monde des médicaments de la rue.

Il reconnaît que le secteur constitue, pour beaucoup de ses semblables, l’unique refuge face au chômage ambiant.

Meilleur chausseur, tu meurs ! 

Venus du nord du Cameroun, des jeunes désœuvrés sans instruction ont eu, pour survivre dans la "jungle yaoundéenne", l’idée géniale de s’organiser en collectivité pour monter une cordonnerie artisanale au concept plutôt original : récupérer, dans un premier temps, de vieux souliers usagés, puis en tirer le meilleur pour fabriquer des chaussures flambant neuves qu’ils revendent à prix d’or.

Cette activité leur confère plus de respectabilité dans la société camerounaise, autant qu’elle leur permet de vivre assez dignement. Outre leur perspicacité et leur courage, nos "chausseurs du dimanche" ne manquent pas de séduire par l’incroyable finesse de leur travail, l’originalité des modèles et leur endurance physique…

Seulement, certains d’entre eux, avouant ne pas trop aimer ce métier, demeurent dans le risque de voir ressurgir leurs vieux démons : vol, drogue… 

Serpents Clown 

Les "Mboma", trois jeunes camerounais ont été initiés par leur père dès leur tendre enfance à la chasse aux serpents, à leur dressage, à l’exploitation et la vente des produits en découlant : peau, graisse, viandes, huile, dents, tête, venin, excréments… Ainsi, pour gagner leur vie, ils capturent des reptiles, les élèvent, les exhibent un certain temps et les tuent.

Pour s’attirer l’attention et la sympathie de la foule, ils ont mis au point une curieuse et spectaculaire stratégie marketing composée de cris d’animaux parfaitement imités, des sketches ventriloques bien huilés, de déguisements faciaux sur le pas des clowns et bien sûr des titillements de leurs serpents qui, rendus nerveux, n’hésitent pas à les mordre.

La machinerie fonctionne si bien qu’elle leur permet d’écouler avec beaucoup de succès des produits aux premiers abords répugnants, mais aux vertus thérapeutiques fort appréciées.

Malgré la verve et le sang-froid qui caractérisent nos étranges commerçants, ils partagent leur vie quotidienne avec des pythons et ils assurent indubitablement frayeurs et sueurs froides à un bon nombre de fans et de curieux… 

2000 degrés à l'ombre 

Dans les sinueux marécages des bidonvilles du quartier Tsinga à Yaoundé, une curieuse entreprise de fabrication de cocottes, montée par un ressortissant malien, emploie des jeunes camerounais qui n’hésitent pas à côtoyer chaque jour, sans autre sécurité que leurs réflexes propres, plus de 1000 degrés de température émanant des fours où ils dissolvent leur matière première : des tôles, des moteurs et jantes de voitures usagées, des barres de fer, etc…

Malgré la récurrence et la gravité des accidents, ces hommes, pères de famille pour la plupart, s’accrochent à ce métier périlleux et extrêmement exigeant, dans une ambiance et un humour des plus caustiques frisant le pathétisme et ponctués d’une kyrielle de "règles d’or", avec en tête celle qui prohibe tout pleurs quand du métal fondu vient à brûler accidentellement un pied, une jambe, un bras...

Quoique cernés de toute part par les feux des fourneaux, ils n’en sont pas moins galvanisés par le feu de la survie, qui seul leur confère l’énergie nécessaire pour tenir dans cet enfer où tous semblent pourtant trouver leur compte…

Doucheurs de bagnole 

En voyant bon nombre de ses semblables rejoindre la case prison pour divers larcins, "Gabonais", 20 ans, a vite fait son choix. Il sera laveur de voitures.

La nature, comme pour exaucer son vœu, a fait apparaître depuis belle lurette des voies d’eau sur les trottoirs de l’avenue Kennedy, de loin la plus fréquentée du centre de Yaoundé.

Baptisée "le Port" par "Gabonais" et ses compères, la zone est devenue une laverie automobile informelle où affluent de nombreux jeunes en quête de pitance, mais aussi des clients de tout bord : motocyclettes, véhicules administratifs, d’entreprises, de particuliers, et les inévitables taxis…

La voiture à laver appartenant en général au plus rapide, on assiste à une véritable ruée quand arrive une voiture sale. Tout se joue alors sur le choix du laveur, car certains clients ont leurs habitués dont "Gabonais", qui semble le plus demandé. Ce qui ne va pas sans les inimitiés des autres laveurs.

Départagés en groupuscule tout le long de l’avenue Kennedy, ces laveurs ont chacun leur histoire, émouvante ou dramatique selon les cas : parents décédés, sortie prématurée de l’école, manque de chance, prison, drogue, pauvreté… Mais ils partagent tous une même pensée : laver les voitures les préserve des tentations malsaines… 

Les fruits du labeur 

Comme beaucoup de jeunes de son âge, Cathy a quitté son village natal pour travailler à Yaoundé. Entendez se chercher une place au soleil.

Très vite désillusionnée, une seule solution s’offre alors à elle pour nourrir la dizaine de personnes qui compose sa famille : la restauration ambulante.

Une activité à laquelle se prête parfaitement la précarité ambiante des fonctionnaires et autres de Yaoundé qui, dépourvus de moyens pour rentrer chez eux le midi, préfèrent se restaurer et se désaltérer quelque part en ville avant de regagner leur bureau.

Ainsi, à l’image d’autres vendeurs ambulants de viande grillée… Cathy s’est installée sur un carrefour très fréquenté où elle vend dès l’aube des fruits divers selon la saison (oranges, mandarines, mangues, bananes…), aux conducteurs de taxi et leurs passagers, mais aussi à divers passants et automobilistes divers.

Mais l’activité n’est pas souvent de tout repos : surtout quand les voleurs, mauvais payeurs, agents communaux, accidents de circulation, détérioration de la marchandise et intempéries s’en mêlent.

Alors seulement Cathy se demande si elle a vraiment fait le bon choix. Mais une seule pensée pour ses enfants suffit à la remettre d’aplomb… 

Marchands de sable

Akwa Nord, quartier de Douala au seuil de la mer, un jour quelconque : des jeunes camerounais, piroguiers et nageurs émérites, affrontent au péril de leur vie les eaux profondes dans lesquelles ils puisent du sable essentiellement destiné à la vente.

Cette activité risquée obéit à de complexes mouvements de marées que seuls maîtrisent nos curieux creuseurs de sable, comme dans une sorte de langage surréel entre la mer et leurs six sens.

Pour exemple : "on ne peut décider de rentrer à toute heure ni dépasser un certain nombre d’heures en mer, parce que c’est la mer qui nous dit quand est-ce qu’on peut rentrer…" Rien n’est donnée d’avance au cours de l’expédition en mer : ni la certitude d’un retour, ni l’évidence de trouver du sable de bonne qualité, ni la maîtrise des caprices du temps, ni la fiabilité des pirogues et des pagaies… Tout un cocktail peu reluisant qui fait du chercheur de sable un perpétuel candidat à la mort.

Le comble c’est que le sacrifice de nos "jeunes côtiers" ne profite généralement qu’à certains individus véreux, maîtres des carrières de sable ou supposés comme tels, et le plus souvent cachés pour mener allègrement une vie aisée…


Fiche technique

Auteurs
SÉBASTIEN TÉZÉ, GUY FOUMANE
Marque
L'Harmattan DVD
Année
2006
Durée (minutes)
130
Pays
Cameroun Cameroun

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