UN MORCEAU DE NOTRE TERRE, le combat contre l'ingérence étrangère continue
Yuhi Amuli, Lucky Lora Atwiine, Mutiganda Wa Nkunda
La 14ème édition du Festival International des Films de la Diaspora Africaine nous a donné l'occasion de voir le film "Un morceau de notre terre" du réalisateur rwandais Yuhi Amuli.
Et ce fut une belle découverte !
Le film démarre par un extrait du livre "Pétales de sang" de Ngugi wa Thiong'o : "La pluie n'échouait pas. Que s'est-il passé ?" demanda Ruoro. Mututi lui répondit : "Tu oublies qu'en ces jours-là, la terre n'était pas à vendre, mais à labourer. Il y avait assez pour tout le monde, pas besoin de surexploiter parcelle après parcelle".
Car c'est l'histoire de Yohani, un vieil homme africain, qui subit l'exploitation d'une mine chinoise sur ses terres sans aucune contrepartie, il refuse d'y travailler et doit pourtant subvenir aux besoins de sa femme enceinte. Toute la détresse de Yohani résonne dans cette réplique : "Je ne vais pas déterrer les os de mes ancêtres".
Il découvre soudain une pépite d'or qui suscitera convoitise et poussera Cheng, le propriétaire chinois de la mine, à ne reculer devant rien pour la récupérer.
Le film ausculte la présence de la Chine en Afrique, traitée au plus près de son impact sur la vie quotidienne des Africains. La cupidité et la brutalité de Cheng font froid dans le dos ainsi que la corruption au sein des autorités locales.
Un morceau de notre terre est un film d'actualité alors que le Sommet Chine-Afrique qui vient de se terminer a vu une cinquantaine de chefs d'Etat du continent se déplacer à Pékin. Loin des arcades du pouvoir, Yuhi Amuli a souhaité traiter de ce sujet au plus près des réalités africaines post-coloniales à travers un film à la fois brutal et sensible, qui ne laisse pas indifférent.
Une scène reste gravée dans nos mémoires lorsque Cheng se retrouve en conflit face à un ancien colon anglais comme si l'Afrique était passée d'un système de domination à un autre.
ZOOM
Le FIFDA, un festival dédié aux films de la diaspora africaine
La quatorzième édition du Festival International de Films de la Diaspora Africaine a eu lieu du 6 au 8 septembre dans deux salles : le Cinéma CGR Paris Lilas (5ème) et le cinéma Saint-André des Arts (6ème).
Depuis 2009, le FIFDA propose début septembre à Paris des films de la diaspora africaine, souvent en première française. La programmation présente des films qui mettent en exergue la diversité culturelle des sociétés modernes. Le festival a pour projet social celui de favoriser le dialogue des cultures à travers des projections et débats.
C'est toujours l'opportunité de voir des films inédits en présence de réalisateurs qui sont ravis de pouvoir échanger avec un public curieux et connaisseur.
Maxime Bonin