BONGEZIWE MABANDLA, une désarmante douceur
Black Major
Quand synthés rime avec psyché et "aimer"
Le très singulier et talentueux chanteur sud-africain Bongeziwe Mabandla a accepté de répondre à nos questions, à l'occasion de la sortie de son nouvel album "amaXesha", qui veut dire "l'époque" en xhosa, et dans lequel il se met à nu avec beaucoup de sensibilité.
Comment votre voyage musical a-t-il commencé ?
Bongeziwe Mabandla : J'ai toujours beaucoup aimé la musique, et j'ai toujours voulu chanter, mais je ne pensais pas que j'avais assez de talent pour faire carrière. Ma première expérience dans un studio était à l'AFDA (ndlr : une école d'art dramatique à Johannesburg), et j'ai tourné dans de nombreux films là-bas (ndlr : à noter que Bongeziwe Mabandla sera à l'affiche du premier long-métrage de Samy Baloji tourné à Kinshasa). Mon premier morceau a été ensuite réalisé avec Paulo Chibanga, avec lequel j'ai travaillé jusqu'à la sortie de mon premier album.
Qu'est-ce qui vous inspire le plus ?
Bongeziwe Mabandla : Ce qui m'inspire le plus est le besoin de trouver le bonheur et la paix. Ma musique incarne cette aspiration. Àtravers elle, je compte trouver un chemin vers la sérénité. J'écris beaucoup autour de ce qui me donne de la joie ou qui me fait mal à cœur, mais également en grande partie sur le fait d'en vouloir plus de la vie.
Comment cet album a-t-il pris forme ?
Bongeziwe Mabandla : L'album est né durant le confinement, et je l'ai écrit de manière solitaire. C'est une variation et une réflexion sur l'amour. Il a été enregistré dans plusieurs endroits différents, à Maputo, à Orléans, aux Pays-Bas et à Johannesburg, donc la conception était intéressante.
Comment travaillez-vous avec Tiago Correia-Paulo ?
Bongeziwe Mabandla : Je le connais depuis longtemps maintenant, et il s'agit de notre troisième album. J'aime beaucoup travailler avec lui, car je pense qu'il me comprend en tant qu'artiste et en tant que personne. Il me semble que cela se ressent aussi dans la musique.
Pensez-vous que la musique peut exprimer ce que les mots ne peuvent pas ?
Bongeziwe Mabandla : On a coutume de dire que « quand les mots échouent, la musique parle », et je suis d'accord. Pour moi, la musique a la capacité d'augmenter notre sensibilité et de nous faire sentir davantage connectés les uns aux autres.
À quoi ressemble une journée de travail typique pour vous ?
Bongeziwe Mabandla : Mes journées ne sont jamais pareilles ! Elles sont plus fatigantes que certains pourraient croire. En général, elles incluent beaucoup de répétitions, interviews, réunions, shootings photos, sans compter les voyages. Ce sont des journées très intenses.
Vos clips musicaux sont très réussis. Les supervisez-vous attentivement ?
Bongeziwe Mabandla :C'est vraiment un travail d'équipe. Je suis entouré de gens très créatifs. On prend toujours le temps d'échanger et de parler des clips de manière très approfondie et adaptée.
Que ressentez-vous quand vous chantez ?
Bongeziwe Mabandla :Je suis très heureux, car je me rappelle que j'ai toujours voulu devenir chanteur. C'est le métier de mes rêves. Être parvenu à l'exercer me comble totalement.
Pourriez-vous nous parler de la musique maskandi ?
Bongeziwe Mabandla: À mes yeux, c'est une des plus belles musiques qui soient. Inspirée de la musique country, elle peut vous faire danser et pleurer simultanément. Mes artistes préférés de ce genre sont Busi Mhlongo et Shwi Nomtekhala.
Propos traduits de l'anglais par Matthias Turcaud. Remerciements chaleureux à Erwan Julé de chez Boogie Drugstore, qui a rendu possible cet entretien. Merci aussi à Travys Owen pour la photographie.
ZOOM
"Sisahleleni" et "Soze"
Pourriez-vous nous traduire le refrain de deux de vos chansons ?
Bongeziwe Mabandla :
Sisahleleleni : Pourquoi restons-nous ici
Pourquoi restons-nous si nous ne sommes pas heureux
Qu'est-ce qui nous retient ?
Soze : Jamais
Le temps est en train de passer
Je suis content qu'il passe pendant que je suis avec toi
Les choses vont et viennent
La terre nous cache tous
Je ne t'oublierai jamais
Matthias Turcaud