BONNE MÈRE, portrait saisissant de l'amour inconditionnel d'une mère
SBS Distribution
Faire d'une héroïne du quotidien une héroïne de cinéma
Sorti le 10 juillet 2021, le film "Bonne mère" est présenté dans la sélection Un Certain regard du Festival de Cannes 2021 et obtient le prix d'ensemble. Deuxième long-métrage de Hafsia Herzi, après "Tu mérites un amour", le drame social filmé avec brio en émeut plus d'un par son réalisme et sa dimension humaine et sociale.
Drame social français, Bonne mère est un film immersif dont l'action se déroule dans les quartiers nord de Marseille, plus précisément dans la cité des oliviers. C'est l'histoire de Nora qui, pour subvenir aux besoins de sa famille, doit enchainer plusieurs boulots dont celui de femme de ménage et d'aide à domicile. En attente du procès de son fils aîné, elle doit payer des avocats mais aussi prendre soin des autres membres de la famille. Le film s'intéresse aussi au destin du fils aîné en prison, en attente de son jugement pour avoir participé au braquage d'une station-service, à la fille de Nora qui, parce qu'elle veut gagner de l'argent facile, glisse lentement sur la pente de l'escorting...
Nora, veuve et mère de cinq enfants, incarné par Halima Benhamed doit enchainer des emplois précaires pour subvenir aux besoins de sa famille. Cette brave femme qui doit porter le poids de toute une famille seule, sur ses épaules, accepte la tâche qui lui incombe avec abnégation. Travailleuse et digne, elle encaisse les coups durs de la vie sans broncher avec une résilience qui force le respect et l'admiration. Elle garde tout au long du film un air de sérénité qu'aucune adversité ne réussit à troubler. Elle a par exemple des problèmes de dent mais doit se priver pour sa famille. C'est finalement la générosité de ses amis qui arrive à la désarmer. « Faire d'une héroïne du quotidien, une héroïne du cinéma », tel était le désir de la réalisatrice en mettant Halima Benhamed à l'écran.
Bande son mémorable, scènes bien filmées, interprétations remarquables alors que le casting était majoritairement composé d'acteurs amateurs, autant de choses qui plaident en faveur du film. L'actrice Halima Benhamed qui joue Nora et qui crève l'écran par sa présence en livrant une performance inoubliable n'en est qu'à sa première interprétation, ayant obtenu le rôle en accompagnant sur les lieux du tournage sa fille Sabrina Benhamed venu interpréter le rôle de la fille de Nora. Le récit a quelque chose de spontané et de naturel, de beau et de simple. Portrait saisissant des quartiers nord de Marseille, avec un grand souci du détail et un fort ancrage dans le réel. Sont bien rendus les moments passés en famille, la promiscuité, etc.
L'action du film se déroule dans la cité des oliviers, dans les quartiers nord de Marseille où la réalisatrice a grandi, ce qui explique peut-être la touche d'authenticité que le film réussit à atteindre sans compter ce traitement naturaliste de la narration. Bonne mère retrace avec beaucoup de réalisme la condition économique dure des résidents des quartiers populaires, marginalisés à l'extrême, sans tomber dans le piège de la carricature et du misérabilisme. Le temps alloué au destin de la fille sur la pente de l'escorting et de la mère résiliente donne un regard majoritairement féminin à l'œuvre qui finit par devenir un hommage que Hafsia Herzi fait à sa mère, un hommage à l'amour inconditionnel d'une mère envers les siens.
ZOOM
D'abord actrice, ensuite réalisatrice
Hafsia Herzi est une actrice et réalisatrice française.
En tant qu'actrice, elle est révélée au cinéma par son rôle dans "La graine et le mulet" d'Abdellatif Kechiche (2007), rôle qui lui vaudra le Prix Marcello-Mastroianni lors de la 64ème Mostra de Venise, ainsi que le César du meilleur espoir féminin en 2008.
Elle passe derrière la caméra une première fois en 2010 pour un court-métrage. "Tu mérites un amour" est son premier long-métrage en tant que réalisatrice qu'elle sort en 2019 (présenté à la Semaine de la critique de Cannes). Elle y incarne le premier rôle. En 2021, elle réalise Bonne mère, projet nourri depuis 2007, en hommage à sa mère et à toutes les mères qui portent sur leurs épaules le poids de toute une famille.
Patrick Kasongo