DIOFEL, il est venu
"Un éclair finit par se présenter à moi"
Le slameur brazzavillois fait danser les mots avec beaucoup de sensibilité et en s'entourant de collaborateurs intéressants. Rencontre.
Comment êtes-vous devenu slameur ?
Diofel : Je le suis devenu parce que j'ai beaucoup à dire et à partager avec les gens, et que ma façon de le dire retranscrit facilement l'état d'esprit dans lequel je le dis. La façon dont tout ceci commence est assez particulière mais je dois remercier principalement Sadrak Pondi, les membres de tous les collectifs de slam que j'ai rencontrés jusqu'à ce jour. Je suis aussi devenu slameur parce que dire les choses sous le prisme de la poésie permet d'arpenter ce monde et d'y laisser les traces de notre passage.
Quels thèmes vous tiennent-ils particulièrement à cœur ?
Diofel : La poésie est partout autour de nous et tous les thèmes sont abordables, donc ça dépend plutôt de l'humeur et de l'amour du moment. En ce moment par exemple, mon écriture est assez orientée vers les injustices que nous subissons partout dans le monde, à la fois. Partout.
Quel souvenir gardez-vous du collectif "Vendredi slam" ?
Diofel : Le meilleur des collectifs de slam que j'ai rencontré. Pas seulement parce que je fais partie des fondations, mais c'est avec eux que j'ai vu et vécu des émotions extraordinaires. Il y avait à chacune de nos soirées de slam quelqu'un qui montait sur la scène pour la première fois, et que l'on reverrait toutes les prochaines fois. C'était magnifique une telle fédération.
Photo : Claire Mercier.
Comment avez-vous collaboré avec Sébastien Raimondo ?
Diofel : Très bien, même s'il faut bien avouer des fois on se comprend pas toujours. Mais travailler avec Seb est la plus belle chose qui me soit arrivée depuis bien longtemps. Il a la particularité d'écouter le mot et le sens dans lequel je le conçois et aussi l'horizon qui est perçu et j'aime beaucoup la lecture qu'il en fait.
François Duverger a réalisé le clip de "Ta tété". Lui avez-vous donné des indications précises, ou s'agit-il de sa propre initiative ?
Diofel : Oui bien sûr qu'on en a parlé au début, mais François est un artiste qui refuse de se cantonner à une pensée figée et il a suivi son instinct pour nous emmener vers ce résultat.
Actuellement il est en cours de montage du clip vidéo du titre éponyme de l'EP, Dire, pour lequel il a carte blanche pour nous séduire.
Comment en êtes-vous arrivé à mélanger le trip-hop et le jazz ?
Diofel : C'est une idée de Sébastien que je trouvais sombre au début, mais assez originale par la suite parce qu'elle interpelle énormément la direction de mon écriture de manière générale.
De quelle manière l'inspiration vous vient-elle ?
Diofel : Je reste disponible simplement, parce que je n'ai pas de formule magique ou une solution clé en main pour l'avoir. La vérité est que je me rends disponible pour l'inspiration, j'écris à la recherche de quelque chose sur les sujets qui m'interpellent et à force d'avancer, un éclair finit par se présenter à moi.
Qu'est-ce qui vous plaît dans le slam ?
Diofel : Principalement cette façon de se libérer de ses émotions, de les coucher sur un papier avant de les déclarer sur scène. Je n'ai pas fait beaucoup de tournoi de slam, mais je dois dire qu'on ressent forcément quelque chose devant autant de messages libérés.
Vous animez des ateliers d'écriture et d'expression scénique. Qu'aimez-vous dans ces rencontres ?
Diofel : Il s'agit d'un échange au cours duquel moi je livre ce que contiennent mes valises et eux me démontrent les facettes de leurs poésies. J'aime me dire qu'il en sortira bien un.e futur.e Abd El Malik, un Fredy Massamba ou une perle porteuse de lumière.
Remerciements chaleureux à Diofel et Groover, plateforme sur laquelle nous l'avons découvert.
ZOOM
Naissance d'un EP
Comment cet EP a-t-il vu le jour ?
Diofel : Techniquement, Sébastien a créé les musiques et moi les paroles. Au début j'ai envoyé les vocaux à Seb, et s'en est suivi plusieurs échanges avant les enregistrements dans son studio puis les arrangements, et c'est seulement lors des premiers mixes que nous nous sommes dit que nous tenions peut être quelque chose.
Nous avons fait appel à François pour la vidéo parce qu'il fallait quelqu'un pour illustrer en image ce travail. Pour aller plus loin, nous avons créé une campagne de financement participatif à laquelle ont pris part plusieurs belles personnes et depuis l'aventure continue.
Iragi Elisha