BURKINA HAKILI, l'appel au voyage et à la joie de vivre de Kady Diarra
Lamastrock
Hommage à l'Esprit du Burkina
Plus de dix ans après son précédent album, "Noumou" (2009), Kady Diarra, chanteuse burkinabé, installée en France depuis deux décennies, a sorti son troisième album « Burkina Hakili » en avril 2021.
Autour d'elle, Kady Diarra rassemble ses neveux Moussa Koita (basse, chœurs...), Samba Diarra (percussions, flûte, chœurs...), Mabouro Diarra (n'goni, balafon, percussions, chœurs...), sa fille Assetou Koita (chœurs), un vieux complice Thierry Servien (guitare) et des invités de marque, le guitariste Olivier Kikteff (Les Doigts de l'Homme) venu en voisin, Jean Lamoot (Bashung, Salif Keita, Noir Désir...) pour donner des couleurs et une touche familiale à cet opus qu'elle veut à son image.
Comment vous présenteriez-vous ?
Kady Diarra : Je suis burkinabé, née en Côte d'Ivoire, j'ai grandi entre ces deux pays. Je suis donc burkinabé, malienne, ivoirienne, française, je suis universelle (rires). Je suis chanteuse, autrice-compositrice, danseuse et comédienne (rires).
Quelle est votre actualité maintenant, sachant que vous effectuez une mini-tournée ?
Kady Diarra : En pleine tournée avec mon album Burkina Hakili, j'enchaîne des concerts, je travaille énormément même si le Covid ralentit le rythme de travail. Je surmonte le défi de la pandémie et je travaille avec mon équipe. La musique, au-delà d'être mon activité professionnelle principale, m'accompagne dans ma vie de tous les jours. Sans la musique, je ne respire pas, elle me guérit, elle fait marcher mon monde, je ne peux donc pas baisser les bras.
Comment le public a accueilli votre album ?
Kady Diarra : C'est impressionnant. Le public accueille très bien mon album et partout où l'on passe en tournée, le public répond présent, ravi. Pour moi, en tant qu'artiste, le public, c'est mon essence première. C'est pour lui que je travaille, il me donne l'envie de continuer, l'âme de me battre, la joie de vire, il occupe une part centrale dans ma vie. Cet accueil me touche énormément et je remercie ceux qui ont le cœur à écouter mon travail. Pour écouter et soutenir une artiste, il faut d'abord aimer l'art. Les médias, comme Africa Vivre, me sont indispensables, car, grâce à vous, mon travail est connu, je touche mon public.
Burkina Hakili est votre troisième album, quel regard avez-vous sur votre carrière ?
Je trouve que j'ai réussi à fidéliser mon public, qui me suit depuis les débuts de l'aventure. Cet album est dynamique, dans lequel je veux transmettre la joie de vivre à ce public. Ce que je trouve de spécial, c'est que mon public reconnaît très vite mon travail, et en pleine préparation, je sens qu'il attend mon travail.
Comment l'album est-il né ?
Kady Diarra : Burkina Hakili signifie « l'Esprit du Burkina », j'y travaillais depuis des années, je l'ai longuement préparé, peaufiné pendant longtemps. En tant qu'artiste, je ne coupe pas mon élan de création après la sortie d'un album, mais je m'assure que je continue sur d'autres projets et c'était la même chose avec ce troisième où j'ai mis toute mon énergie.
Burkina Hakili est tout de même différent de mes deux premiers albums. Dans mes collaborations, il y a ma fille, Assetou Koita, qui a travaillé avec moi, mes neveux et des amis. L'album a donc cet esprit familial qui le couve. C'est un travail de groupe et la joie est grande de savoir que c'est un travail d'équipe. Cet album, je le présente comme mon enfant, un enfant dont je me sens très fière d'avoir et de montrer aux autres. C'est l'esprit d'ouverture, du pays des hommes intègres, le Burkina, qui anime l'album. Quel que soit le coin où se trouverait un auditeur de Burkina Hakili, je veux qu'il sente cette ouverture, le fait qu'il peut se retrouver dans les sons, qu'il peut danser sur les rythmes des chansons.
Une musique qui tire ses racines d'Afrique ne demande pas forcément des tambours. Je souhaitais plutôt un mixage entre plusieurs instruments des pays différents, d'Afrique et du monde. L'album contient de la valse, du rock, un peu de tout, pour les jeunes ou les adultes. Je chante en bwaba, ma langue maternelle, mais il y a du bambara dedans, du djula, du français, au total cinq langues pour que de nombreux publics se retrouvent. L'objectif de l'album c'est de faire voyager chaque auditeur.
Pouvez-vous nous en dire plus sur cet esprit familial qui préside à l'album ?
Kady Diarra : (rires) Vous savez, toute chose doit se construire dans la paix, la joie, le respect et le bonheur. Burkina Hakili, quand on a commencé à l'enregistrer, le Covid-19 n'avait pas encore frappé. C'est en cours d'enregistrement que la pandémie arrive. Pourtant, elle ne nous a pas empêchés de finir l'album, tout de monde voulait que l'on finalise le projet, et c'est comme ça qu'est né le Burkina Hakili. Nous avons fini les derniers arrangements sonores chez moi avec l'ingénieur du son Philppe Valdes ! Il a accepté, apporté son matériel chez moi et on a enregistré dans ma maison, ma cour ou encore le jardin. C'était un moment très vivant.
Comment la structure de Burkina Hakili est-elle concrètement née ?
Kady Diarra (rires) : C'est comme quand on veut cuisiner avec l'amour et le plaisir, on arrive très souvent à un bon résultat. C'était des ingrédients pour rendre le contenu plus enrichi. À un moment, on était enfermé, mais j'ai pu mettre à profit mon expérience, mes rencontres, mes souvenirs de voyage, je me suis nourri de tout cela pour faire un album qui me ressemble : joyeux. J'ouvre ma porte pour accueillir les autres et c'est l'esprit de la production. Mes compétences de chanteuse et de comédienne m'ont aidée à rendre vivant mon art.
ZOOM
Des conseils aux jeunes
Que diriez-vous aux jeunes qui souhaitent avoir le même parcours ?
Kady Diarra : D'abord, dans la musique il faut écouter tout le monde et être humble. Voyagez, partagez, écoutez votre cœur, avancez sans baisser les bras parce que c'est un secteur où émerger n'est pas facile. Il n'y a que le courage qui paie. Ayez envie de vivre votre rêve, ce quelque chose de soignant qui se trouve dans votre écriture et votre art.
Ceux qui nous écoutent découvrent notre pays, nos cultures à travers notre musique. Quand on veut escalader une montagne, malgré les difficultés, on doit s'assurer d'avancer tous les jours.
Iragi Elisha