THE LAST TREE, quête identitaire et retour aux sources
Picture House Entertainment
Brillante description de la recherche d'une identité propre
Avec ce deuxième long-métrage, Shola Amoo nous livre une histoire poignante, inspirée de sa vie, sur la perte de repères quand on change de milieu et de culture.
La mère biologique de Femi, originaire du Nigéria, a enfin trouvé un appartement. Elle peut maintenant reprendre son fils. Le jeune garçon quitte à contrecœur sa mère adoptive, la campagne, ses amis.
Désormais dans un HLM à Londres, il doit s'adapter à ce nouveau mode de vie. À un foyer tendre et câlin succède un autre plus stricte où la discipline et le respect sont de mise. Il doit maintenant faire sa lessive tout seul, faire la vaisselle, balayer le tapis... Dans cet immeuble bondé, il est tout seul. Les espaces de jeu se réduisent. L'école accroît ce sentiment de solitude. Son nom est sujet de moquerie. Il doit maintenant apprendre à prier, à bien se tenir pendant l'absence de sa mère. Que va-t-il advenir de lui ?
The Last Tree, le deuxième long-métrage de Shola Amoo s'articule autour de la recherche d'une identité propre. L'une des questions centrales de l'œuvre est : où sommes-nous le plus chez soi ? Ayant grandi à la campagne, Femi était loin de sa mère biologique. Il était le seul à avoir la peau noire dans ce milieu, pourtant il était à son aise. Le voilà déphasé en compagnie de sa mère biologique dans un milieu plus mixte. Le film s'interroge aussi sur l'impact que peut avoir un environnement sur la direction que prendra une vie, et l'importance d'un retour aux sources pour une meilleure connaissance de soi en vue d'un exhaussement.
La première musique intradiégétique du film est le chant matinal de la mère de Femi. Ce chant empreint de douceur est le prélude de sa perte de repère qui continue bien après qu'il ait grandi.
The Last Tree peut se découper en trois chapitres. Par un fondu enchaîné, on passe d'une partie à l'autre. Les images prennent leur temps. Cette lenteur des scènes rend compte du temps qui passe. Imperceptible. Après son arrivée en ville, les plans panoramiques deviennent rares. Tout est filmé à hauteur d'homme avec finesse et justesse d'accent.
Au-delà de sa grande richesse thématique, le film présente des qualités indéniables. On notera par exemple ces plans rapprochés où il est possible pour le spectateur de saisir tout le désarroi du personnage principal, interprété par Sam Adewumni.
Après la conclusion du film ou plutôt de l'expérience haute en couleur quasi mystique, il faut compter au moins une minute pour revenir à soi.
ZOOM
Shola Amoo, écrivain et réalisateur
Le premier long métrage de Shola est un film intitulé A Moving Image, qui a reçu le prix spécial de reconnaissance au Blackstar Film Festival de Philadelphie.
Le film a connu sa première européenne au BFI London Film Festival 2016 et est sorti en salles au Royaume-Uni en 2017 par le biais de Verve Pictures.
Le deuxième long métrage de Shola The Last Tree a été présenté à la première de Sundance 2019 dans le cadre de la compétition mondiale du cinéma dramatique. Le film est sorti en salles au Royaume-Uni par le biais de Picturehouse Entertainment.
The Last Tree a reçu le prix du meilleur scénario de la Writers Guild of Great Britain et a remporté deux prix du British Independent Film Awards, dont le meilleur espoir pour Sam Adewunmi et la meilleure actrice dans un second rôle pour Ruthxjiah Bellenea.
Patrick Kasongo