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POPIMANE et la culture peule

Asymetric Records

Flûte et sampleurs

Le musicien Dramane Dembélé alias Popimane mêle flûte peule et sons électroniques dans un projet d'une grande originalité.

Il a bien voulu répondre à nos questions à l'occasion de son album "Africa Fair".

Comment êtes-vous devenu flûtiste ?

Popimane : Je suis né dans une famille de griots, musiciens de père en fils et gardiens de la tradition orale en Afrique de l’Ouest. Dans ma famille, on joue divers instruments et le mien est devenu au fil du temps la flûte.

Pourquoi avoir choisi cet instrument-là ?

Popimane : Je dirais que c’est cet instrument qui m’a choisi parce que parmi tous les autres instruments c’est celui avec lequel je me sens en symbiose.


Qu'apporte la technique de l'over-blowing que vous affectionnez ?

Popimane : Cette technique m’a permis de savoir qu’on pouvait faire évoluer son instrument différemment de son milieu traditionnel.

En quoi la rencontre avec Samuel Lares en 2003 a-t-elle été déterminante pour vous ?

Popimane : Avec Samuel Lares, nous avons pu réfléchir ensemble à la façon de faire évoluer l’instrument et il m’a fabriqué des flûtes peules dans des tonalités qui n’existaient pas jusqu’alors.

Comment l'idée de mélanger la flûte à l'électronique vous-elle venue ?

Popimane : En plus de développer ma technique de jeu, étant fan de guitare électrique, j’ai aussi voulu faire un travail sur le son, je me suis penché d’abord sur les pédales d’effet (j’utilise un pedalboard sur scène), puis plus tard sur les synthétiseurs et les sampleurs.

Quels souvenirs gardez-vous de Solo Dja Kabako et du groupe Zimawé ?

Popimane : C’est avec Solo Dja Kabako que j’ai fait mes premières scènes devant un public. Le groupe Zimawé étant un groupe familial, cela m’a servi d’enseignement musical.


Qu'avez-vous appris avec le maître flûtiste Djiguiba Bari ?

Popimane : Les vraies manières et le langage authentique de la flûte peule.

Quel bilan faites-vous de votre groupe d'afro-funk mandingue "Kalognouma" ?

Popimane : Kalognouma m’a permis de jouer mes propres compositions et de rencontrer mon public.

Comment votre album "Nalouh" a-t-il vu le jour ?

Popimane : Nalouh est le fruit des rencontres et des échanges que j’ai pu faire à travers le monde. J’ai voulu avec cet album montrer que la flûte peule pouvait être leader dans un groupe et pas seulement intervenante.

Qu'avez-vous appris avec le saxophoniste américain Byard Lnacaster ?

Popimane : Je l’ai rencontré lors d’un de ses passages à Paris, il m’a invité à jouer avec lui, et ce fut un moment inoubliable, j’ai appris qu’être humble et à l’écoute de l’autre étaient un des moteurs de la musique.

Qu'a changé la rencontre avec Sotigui Kouyaté dans votre carrière ?

Popimane : Il fait partie de ces gens qui te disent une phrase qui te sert toute une vie. Il était griot mais aussi un très grand sage : il m’a montré l’importance de mon art et la valeur de notre tradition.

Comment votre projet "Africa Fair" a-t-il pris forme ?

Popimane : Elle a pris forme grâce à ma rencontre avec Yoann Le Dantec, le directeur du label Asymetric, lui-même compositeur, qui a cru en moi et a voulu m’aider à trouver mon chemin et à réaliser mon rêve.

Pouvez-vous nous rappeler pourquoi la flûte est si importante dans la culture peule ?

Popimane : Les peuls étant un peuple nomade et la flûte un instrument facilement transportable, leur association paraît évidente ! Aujourd’hui on ne peut pas dissocier le son de la flûte peule de son peuple (pour les gens qui les connaissent bien sûr !).

Qui a réalisé l'affiche de votre album "Africa Fair" ? Pourquoi ce choix ?

Popimane : L’affiche a été réalisée par Sandra Djina Ravalia ; ce choix reflète une volonté de transmission tournée vers le futur.

Comment le travail se passe-t-il avec le label Asymetric Sounds ?

Popimane : Notre travail est basé sur la confiance, chacun fait un pas vers l’autre en ayant le même but : mettre en valeur ma musique. L’originalité du label n’est pas de promouvoir un genre de musique en particulier, mais plutôt de favoriser la créativité par l’échange et l’ouverture d’esprit.

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D'autres instruments traditionnels

Vous utilisez également d'autres instruments traditionnels, comme le n'goni, le tama, le bara et la sanza. Pouvez-vous nous les présenter, et nous indiquer ce qui vous plaît chez eux ?

Popimane : Dans un orchestre il faut plusieurs instruments et plusieurs sonorités : le n’goni est un instrument à cordes qui se marie très bien avec la flûte.

Le tama et le bara sont des percussions que j’utilise pour jouer les rythmes et la sanza est un instrument à la fois mélodique et percussif, capable de faire le lien avec les autres.

Matthias Turcaud