Comment avez-vous décidé de devenir artiste ?
Andrew Munuwa : En fait, j'ai toujours su que c'est ce que je voulais faire après l'université. Cela dit, je n'ai pas vraiment décidé, c'est venu naturellement. En tout cas, je me sens bien dans le monde de l'art, et j'avais déjà plusieurs amis artistes qui m'ont donné la chance de devenir l'un d'eux.
Vous avez appris votre art de manière autodidacte. Comment avez-vous fait ?
Andrew Munuwa : Le secret d'un autodidacte est de pratiquer tous les jours. Lire beaucoup, regarder beaucoup de films, écouter beaucoup de musique, côtoyer les gens du milieu, et persévérer.
Vous aimez photographier les rues, pour quelle raison ?
Andrew Munuwa : D'abord, je viens du graffiti et de la sous-culture hip-hop avant de bifurquer vers la photographie, c'est ce qui m'a donné le goût de prendre des photos dans la rue. Je suis fier de venir de là, et je me sens plus légitime et à l'aise quand je photographie dans les rues.
De quelle manière travaillez-vous ?
Andrew Munuwa : Avant, je travaillais très spontanément, mais depuis peu je planifie mes photograhies plus rigoureusement ; je vois ça comme un nouveau cap dans ma pratique, une maturation.
Quel souvenir gardez-vous de votre exposition "Mtaani Maskani" ?
Andrew Munuwa : Cette exposition m'a rendu heureux et fier. Cela a mis mon travail sous le feu des projecteurs, et m'a offert beaucoup d'opportunités. J'aimerais en refaire une bientôt !
Retro City | Andrew Munuwa
Comment percevez-vous la scène artistique actuelle à Dar-Es-Salaam ?
Andrew Munuwa : La scène artistique a pris tellement d'ampleur, c'est très grisant et inspirant de voir des collègues évoluer et grandir artistiquement aussi vite. Leur énergie est contagieuse.
Vous avez également pris des photos à Maputo. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Andrew Munuwa : C'était la première fois que je voyageais à l'étranger en rapport avec mes photos. J'ai beaucoup aimé Maputo, je m'étais renseigné sur le Mozambique dans plusieurs livres d'histoire et mon séjour là-bas m'a vraiment plu. La scène culturelle m'a fortement séduit, et j'ai été très bien accueilli.
Comment la photo "Joy" a-t-elle pris forme ?
Andrew Munuwa: J'ai adoré l'énergie de Nikiwe et ce qu'elle dégageait.
Retro City | Andrew Munuwa
De quelle manière avez-vous travaillé avec Hakeem Adam et Tanyaradzwa Chitunhu ?
Andrew Munuwa : Il se trouve que je connais très peu de personnes avec autant de talent Je suis très sensible à l'écriture créative, et la poésie faisait partie du concept initial de "Mtaani Maskani". C'est pour cela que j'ai voulu collaborer avec Tanya et Hakeem. En plus, Hakeem fait aussi des photos, donc la collaboration a été facile. Nous parlions le même langage.
Quelle autre expérience à l'étranger, dans le cadre de votre travail, vous a-t-elle le plus marqué ?
Andrew Munuwa : J'ai été au AfriCans Street Art Festival à Kampala en Ouganda. Jusque-là, je n'avais jamais vu tout un quartier rempli d'artistes peindre tous en même temps ! Je ne pourrai jamais l'oublier.
A quoi vous montrez-vous le plus attentif quand vous prenez une photo ?
Andrw Munuwa : Le concept et l'esthétique sont des notions clé. Une photo sans idée bien creusée sous-jacente, ni imagerie attrayante ne m'intéresse pas.
Pensez-vous que la photographie et les arts visuels peuvent changer notre manière de percevoir les choses ?
Andrew Munuwa : Oui, les images parlent, et peuvent changer la manière dont nous percevons certaines choses. Grâce à "Mtaani Maskani", j'ai pu par exemple, en tout modestie, mettre en valeur des vendeurs de café ou de cookies dans la rue, qu'on appelle Kashata. Les gens en sont fiers à présent.
Quels photographes vous ont-ils inspiré en particulier ?
Andrew Munuwa : De nombreux photographes locaux m'inspirent, tels que Vaness Mwingira, Osse Greca Sinare, San Vox, Nicolas Calvin. En plus de ceux-là, j'admire aussi beaucoup le photographe sud-africain Andile Buka.
Quels sont vos projets actuellement ?
Andrew Munuwa : Je construis mon propre studio à Kigamboni ; sinon, je prépare quelque chose, mais c'est une surprise !
Remerciements à Rebecca Corey du centre culturel "Nafasi Art Space" et à Andrew Munuwa.
ZOOM
Le public pour les arts visuels à Dar Es-Salaam
Existe-t-il d'après vous un public suffisant pour la photo et les arts visuels aujourd'hui à Dar Es-Salaam ?
Andrew Munuwa: Un public existe. Il n'est pas encore suffisant, mais, vu que la scène artistique prend de l'importance, on peut espérer un avenir rieur.
A présent, plus de personnes investissent aussi dans l'art, des galeries viennent d'ouvrir comme Rangirangi, Chema Designs, ou encore Forster Gallery à Zanzibar.
Matthias Turcaud