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STEVY ENAY chante contre les pervers narcissiques

Un maître de la comédie est né

Prometteuse interprète d'origine camerounaise, Stevy Enay sort cette année son premier EP...

Comment avez-vous développé votre goût pour la musique ? Baigniez-vous dans un environnement très musical, enfant ?

Stevy Enay : Depuis que je suis petite, j’écoute énormément de musique grâce à mes grands frères et sœurs qui écoutaient Rihanna, Les Destiny, 50 Cent, Ciara et tous ces grands chanteurs de R&B et Hip-hop. En plus, mon père étant ancien guitariste, et ayant une grande soeur danseuse et l’autre chanteuse, j’avais déjà des exemples d’artistes.


Quels artistes vous ont-ils inspiré en particulier, notamment sur le continent africain ?

Stevy Enay : Parmi les artistes africains qui m’ont inspirée, on compte en premier la chanteuse de pop sud-africaine Brenda Fassie, la chanteuse mythique Miriam Makeba, et les chanteurs nigérians P-Square pour avoir réussi à représenter et faire connaître la musique africaine à l’échelle mondiale.

Où avez-vous trouvé l'inspiration pour la chanson "Tétris" ?

Stevy Enay : Je connais énormément de femmes qui sont sorties ou même qui sortent jusqu’à présent avec des pervers narcissiques, et quand elles me racontaient leurs histoires, ça me mettait tellement la rage que j’ai eu envie d’écrire une chanson où je dirai haut ce qu’elles n’ont pas su leur dire.

"Tétris" parle des promesses non tenues et des Dom Juan méprisants. Un thème qui vous touche particulièrement ?

Stevy Enay : Oui, car la femme, comme tous les autres êtres humains d’ailleurs, mérite du respect envers son corps et envers ses sentiments. Je ne supporte pas les gens qui se permettent de jouer avec d’autres, de les blesser voire de les briser pour leur satisfaction personnelle. Et ça me touche encore plus quand des mecs agissent comme ça avec nous parce que c’est devenu presque normal de jouer avec les sentiments d’une fille et il est temps que ça cesse.

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Quels autres thèmes vous hantent-ils à part celui-là ?

Stevy Enay : J’ai vu et entendu tellement d’histoires révoltantes que ce ne sont pas les sujets comme ça qui me manquent. Ceux que je compte aborder prochainement sont le harcèlement, les relations toxiques, les violences familiales et la dépression.

Pourquoi avoir décidé de chanter à la fois en français et en anglais ?

Stevy Enay : Parce qu’à l’origine, je n’écrivais qu’en anglais. Mais après m’être rendue compte que j’utilisais cette langue pour cacher les émotions que j’avais peur d’exprimer au grand public puisque les gens ne comprendraient pas forcément les paroles, j’ai décidé de m’assumer vraiment en tant qu’artiste et d’utiliser la musique pour m’exprimer sincèrement et toucher les gens en écrivant en français. Et puisque je parle naturellement en mélangeant les deux langues, j’ai décidé d’en faire mon style d’écriture musicale.

Vous mêlez le R&B, la trap, le dancehall, l'afrotrap. Comment en êtes-vous arrivée à ce mélange ?

Stevy Enay : Le R&B est l’héritage musical que mes grandes soeurs m’ont donnée, j’ai toujours baigné dans ce genre qui fait limite partie de ma personne. Pareil avec l’afrobeat. Pour la trap et la dancehall, ce sont des genres que j’aime et qui m’inspirent tout simplement. Et vu que chacun de ces genres a forgé ma personnalité artistique, je les mélange naturellement quand je compose si je trouve cela nécessaire.


Le clip de "Tétris" est très travaillé. Comment a-t-il vu le jour ?

Stevy Enay : Grâce à la boîte de production audiovisuelle MROD Production et notamment grâce au talentueux réalisateur Altéro Ndoyé avec qui j’ai eu la chance de travailler dans une super bonne ambiance.

Votre premier EP sort cette année. Ressentez-vous surtout de l'appréhension, de l'excitation ?

Stevy Enay : Je dirais, dans un premier temps, de l’excitation car je vais enfin pouvoir montrer un avant-goût de mes créations artistiques à mes auditeurs et à toutes personnes qui me découvriront, et croyez-moi j’ai énormément de choses à partager. Ensuite, ça fait un peu peur étant donné que cet EP marquera mes débuts dans le « game », et que je veux vraiment partir sur un bon démarrage pour que la suite soit solide.

Comment avez-vous rencontré Gaétan Drouot, qui a produit cet EP ?

Stevy Enay : Gaétan fait partie des premiers professionnels de la musique que j’ai rencontré et avec qui j’ai travaillé quand j’ai décidé de me lancer sérieusement dans la musique il y a 2 ans. Et directement ça a matché, il me donnait de très bons conseils, et après un an, on a donc commencé à travailler ensemble.

Quels messages souhaitez-vous principalement faire passer par vos chansons ?

Stevy Enay : Avec mes chansons, j’essaye d’encourager les gens à s’assumer, à s‘aimer et à aimer les autres. Je veux également leur rappeler que la vie malgré ses complications mérite d’être vécue, et que même s’ils peuvent avoir l’impression d’être seuls et rejetés, moi je les aime et je les soutiens dans leurs épreuves.

Avez-vous actuellement d'autres projets ?

Stevy Enay : J’avais des concerts mais je pense qu’ils seront tous reprogrammés à cause de la crise sanitaire actuelle.

Pensez-vous venir vous produire au Cameroun prochainement ?

Stevy Enay : Je ne sais pas encore si ça arrivera prochainement, mais c’est sûr que dès que j’en aurai l’occasion, je me produirai au Cameroun. C’est quand même ma maison !

ZOOM

Un extrait de "Tétris"

"T'as joué avec moi comme un tétris,
Tourné ma tête dans tous les sens, mais qu'elle maîtrise
Tu m'as tiré vers le bas jusqu'à c'que tu me détruises
(...)
Jurée tu m'as prise pour un tétris
T'as planifié toute ma descente pendant que j'étais éprise
Je ne distingue plus soleil et lune, je ne vois qu'une éclipse
La seule chose que t'as gagné c'est que je te méprise."

Matthias Turcaud