Fêté au Festival Tosséka, au Parlement du Rire, au Festival de Montreux, ou encore au Marrakech du Rire, Hervé Kimenyi s'est peu à peu imposé comme une des voix les plus originales et convaincantes de la scène comique francophone.
A Kigali, il a co-fondé "Comedy Knights Rwanda", une émission très populaire au Rwanda. Cela a commencé de manière informelle, entre amis, avant de se muer en événement important, et en premier festival d'humour sur Kigali, avec douze nationalités présentes.
Danseur et chorégraphe au sein du groupe de hip-hop "Cool Family", Kimenyi a également joué dans plusieurs pièces de théâtre, portant les écritures de Wajdi Mouawad, Nicolas Gogol ou Elizabeth Spackman, après des études de droit avortées.
S'éloignant très fortement de l'humour, le comédien a aussi participé à des projets remémorant le génocide rwandais, du film "Matière grise" de Kivu Ruhoraza, récompensé au Festival de Tribeca en 2011, ou à l'opéra "Umurinzi" de Dorcy Mugamba, sur la résilience du peuple rwandais et la manière dont on peut dépasser l'horreur et avancer.
En tant que comique également, Hervé Kimenyi montre qu'on peut rire de sujets sérieux, et lui ne s'en prive d'ailleurs pas du tout. Cultivant un humour féroce et irrévérencieux, le Rwandais dénonce les rapports Nord/Sud, les clichés sur l'Afrique, les séquelles de la colonisation, ou encore les abus religieux.
Sa fraîcheur, et son approche directe, provocatrice ont pu être découverts par beaucoup au Festival de Marrakech 2019, par exemple via un sketch parlant des Maghrébins niant appartenir à l'Afrique : "Le Maghreb, c'est l'Afrique. Prends le temps, digère cette information. Parce qu'il y en a, parmi vous, apparemment, vous êtes pas au courant."
Comme il l'explique en interview, c'était notamment l'histoire de la Miss Algérie 2019, Khadidja Benhamou, victime de menaces de mort pour avoir le teint trop foncé selon certains, qui l'avait fortement interpellé, et conduit à évoquer le sujet dans un spectacle.
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Souffrance et humour
Hervé Kimenyi a été témoin de bien des horreurs au Rwanda, mais déclare que ça ne l'a pas du tout freiné dans sa carrière d'humoriste, bien au contraire :
" Les gens qui ont souffert ont le sens de l'humour. C'est une soupape de sécurité, un exutoire, une réaction nerveuse face à ce que notre cerveau ne peut pas traiter.
C'est une autothérapie qui consiste à se raconter des histoires avant d'aller les dire aux gens."
Matthias Turcaud