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DAWIT L. PETROS, la photo pour questionner l'immigration

A l'opposé des images éculées du journal télévisé

A l'occasion d'une exposition collective au Huis Marseille à Amsterdam, gros plan sur le photographe d'origine érythréenne Dawit L. Petros.

Erythréen vivant au Canada, Dawit L. Petros s'est très légitimement approprié la question si brûlante de l'immigration, et proposé de nombreuses photos ou installations qui mettent en images cette interrogation - via, notamment, sa collection "The Stranger's Notebook" (2016).

Très souvent salué, Petros a pu exposer ses créations autant à Harlem et Athènes qu'à Detroit, Durban, Washington, à la Biennale de Bamako ou à Toronto qu'à Lianzhou en Chine !

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Ces compositions pensées avec rigueur invitent à la réflexion et au positionnement vis-à-vis de problèmes à caractère politique et éthique, mais aussi métaphysique.

A la faveur d'un long voyage de treize mois depuis Lagos jusqu'à l'Europe en passant par l'Afrique de l'Ouest et le Maroc, l'Erythréen a plongé ces différentes solitudes dans d'immenses paysages à la Caspar David Friedrich.

Des migrants sans nom et sans visage, réduits à leur statut de "migrants" comme ils le sont au journal télévisé de 20h suscitent une rêverie, qu'on peut, à l'envi, prolonger.

Ces photos, par exemple, pourraient idéalement servir de points de départ dans des ateliers d'écriture, tant ils autorisent la projection et le cheminement de la pensée.

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Les compositions de Petros ont le mérite de la simplicité : pas de virtuosité inutile, d'afféterie sans intérêt, ou de construction baroque - un choix de l'épure qui s'avère plus d'une fois payant, par sa limpidité, sa force et son immédiateté. C'est le cas de "Confrontation", réalisée à Tanger.

La sophistication n'est bien sûr pas absente de ces photographies ; mais elle a le bon goût de s'effacer, et laisser place à l'émotion - et sa jumelle, la réflexion.

Sans mot ni commentaire, Dawit L. Petros nous confronte à la tragédie ; et, pour cela, quelques images - voire une seule - suffisent largement - comme sur la photo d'une épave à Nouakchott, qui nous coupe, tout simplement, le souffle.

Son regard parle, et tant ! Il confère une dignité à ces figures anonymes à auxquelles on peut, si facilement, s'identifier.

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Fesseha Giyorgis, inspiration notoire pour Dawit L. Petros

Cet écrivain voyageur éthiopien a beaucoup influencé Dawit L. Petros, en particulier à travers son récit de voyage publié en langue tigrinya en 1895, et rendant compte de son périple depuis Massawa jusqu'en Italie.

Très doué pour les langues, Giyorgis parlait aussi amharique, arabe et français. Lors de son séjour en Italie, il enseigna la grammaire et la rhétorique éthiopienne, tout en y apprenant à la fois le latin et l'italien ; et décéda en Erythrée, à Addi Zenu, en 1931.

La galerie Tiwani Contemporary à Londres déclare de son texte qu'il "offre un contrepoint aux histoires contemporaines concernant l'immigrant, et qu'il défie l'hégémonie européenne et le néo-colonialisme".

Matthias Turcaud