Ces créateurs namibiens s'inscrivent clairement dans une démarche de recherche et d'expérimentation, travaillant avec des supports aussi divers que des cartons imprimés, des linogravures, des textiles, des sculptures de bois ou de métal, ou encore du sable, des racines, des peaux animales, du béton, ou de l'argile, comme c'est le cas chez l'innovant, et très expressif, Rudolf Seibeb.
Si, cependant, les artistes choisis se distinguent par la forme ou l'écrin, ils se rejoignent par leur trajectoire - étant pour la plupart des ressortissants de l'école d'art de Muafangejo à Katutura, quartier de Windhoek -, de même que des vœux convergents.
Tous, ainsi, aspirent à une meilleure mise en valeur des artistes namibiens comme à une nette amélioration de leurs conditions de travail et de leur visibilité.
L'association "Ileni Pamwe Project", fondée par David Amukoto, ambitionne de mettre en relief les créateurs concernés, de vendre des œuvres d'artistes namibiens au chômage et de chercher pour eux des commandes et des travaux rémunérés, réglés par des commandes. 35 artistes namibiens ont pu bénéficier de ce projet, depuis la création de ce dernier en 2012.
En parallèle, il s'agit aussi de rendre ce travail et cette recherche accessibles. Amukoto a de cette façon organisé plusieurs ateliers d'initiation à la campagne. Il s'agit de faire comprendre, sûrement, en quoi la création artistique peut s'avérer libératrice, et comment elle sait cautériser bien des plaies et ouvrir tant de portes.
Elia Shiwoohamba, l'un des membres de cette association, déclare à son sujet : "Travailler ensemble, c'est mieux. On peut se donner des idées et s'entraider. Si on a besoin d'un coup de main pour encadrer nos créations, trouver des sponsors, organiser une exposition, et puis la faire tourner dans d'autres villes que Windhoek."
"Pamwe" d'ailleurs, veut dire "ensemble", en langue kwanyama.
Elia Shiwoohamba (notre photo) est membre de l'association " Ileni Pamwe Project "
ZOOM
John Muafangejo, artiste emblématique (1943 - 1987)
Muafangejo (notre photo) s'est fait connaître pour ses linogravures (à base de linoléum), ses gravures sur bois, tout comme ses eaux-fortes (gravures sur plaque métallique conçues à l'aide d'un acide).
Il s'est fait, à travers son œuvre, le chantre de la culture et du patrimoine de son pays, mettant par exemple en exergue paysages et animaux namibiens, et la culture kwanyama.
On lui rend aujourd'hui moult hommages pour la qualité formelle de ses œuvres, tout comme ses talents éprouvés de narrateur.
Matthias Turcaud