FESPACO 2019, 50ème ANNIVERSAIRE : des images de l'Afrique, par l'Afrique et pour l'Afrique
Le grand festival de cinéma panafricain de Ouagadougou, qui fêtera cette année ses 50 ans, a révélé la liste de ses films de fiction en compétition.
Le Fespaco pourra en effet, du 23 février au 2 mars 2019, fêter son cinquantième anniversaire, sous le sceau d'un thème aussi vaste qu'important, à savoir "Mémoire et avenir des cinémas africains".
Le mot d'ordre de l'édition inaugurale de 1969 - "des images de l'Afrique, par l'Afrique et pour l'Afrique" - demeure toujours l'ADN de cette manifestation, et préside bien sûr aussi à ce vingt-sixième rendez-vous - le festival, rappelons-le, se déroulant tous les deux ans.
La sélection des vingt longs-métrages en compétition, récemment dévoilée, semble d'ores et déjà prometteuse, mettant en relief cette diversité qui reste l'apanage premier du festival.
L'Algérie, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, l'Egypte, le Ghana, le Kenya, le Mali, le Maroc, le Mozambique, le Nigéria, le Rwanda, le Soudan ainsi que la Tanzanie se voient chacun représenté par un film ; tandis qu'on compte deux films sud-africains, deux tunisiens et trois burkinabés - au total seize pays différents.
La diversité se retrouve donc dans les provenances, avec comme corollaire direct une grande diversité de langues ; mais aussi dans les genres, les styles, les traitements et les sujets, proposant un éventail très large et varié - dont on peut déjà se convaincre en visionnant les bandes-annonces en ligne, plusieurs films ayant été présentés antérieurement à d'autres festivals, notamment Toronto, ainsi que Le Caire, Carthage, Khouribga ou Cannes... D'autres cependant, non présentés encore, feront l'objet d'une première projection lors du Fespaco.
A propos de ceux dont on dispose déjà d'informations et d'images, on peut en tout cas dire que la programmation fait le grand écart entre chroniques intimistes et fresques historiques, en jonglant souvent avec les genres.
L'égyptien Khaled Youssef propose dans "Karma" un thriller politique sur fond de réseaux sociaux, "Five Fingers for Marseilles" du sud-africain Michael Matthews revisite le western, les films de guerre se mêlent aux mélodrames, et même la comédie n'est pas boudée - à l'image du drôlatique "Keteke" du ghanéen Peter Sedufia sur les pérégrinations d'un couple dont la femme va accoucher d'un moment à l'autre mais qui rate le train qui doit les emmener au village...
L'éternel clivage entre ville et campagne, la radicalisation islamique, les amours prohibées les conflits familiaux, la résilience et les relations conjugales font partie des nombreux thèmes abordés.
A cette première catégorie viendront s'ajouter des dessins-animés, une importante partie documentaire, des séries télévisées et des films réalisés dans des écoles de cinéma africaines, mais aussi des projections de classiques africains et des lauréats de l'étalon d'or de Yeneenga, un important travail de valorisation du patrimoine cinématographique africain, à l'occasion de cette édition à part.
Cette programmation déjà très dense sera encore complétée de surcroît par des débats et des séances spéciales - notamment un colloque animé par le cinéaste burkinabé de premier rang Gaston Kaboré, le philosophe et historien camerounais Achille Mbembe tout comme l'écrivain sénégalais Felwine Sarr.
La liste des films :
- Five Fingers for Marseilles, de Michael Matthews (Afrique du Sud)
- Sew The Winter To My Skin, de Jahmil X. T. Qubeka (Afrique du Sud)
- Ila Akhir Ezzaman (Jusqu’à la fin des temps), de Yasmine Chouikh (Algérie)
- Desrances, d’Apolline Traoré (Burkina Faso)
- Duga (Les Charognards), d’Abdoulaye Dao et Hervé Eric Lengani (Burkina Faso)
- Hakilitan (Mémoire en fuite), d’Issiaka Konaté (Burkina Faso)
- Miraculous Weapons (Les armes miraculeuses), de Jean-Pierre Bekolo (Cameroun)
- Resolution, de Boris Oue et Marcel Sagne (Côte d’Ivoire)
- Karma, de Khaled Youssef (Egypte)
- Keteke, de Peter Sedufia (Ghana)
- Rafiki de Wanuri Kahiu (Kenya)
- Barkomo (La Grotte), d’Aboubacar Bablé Draba & Boucary Ombotimbé (Mali)
- Indigo, de Selma Bargach (Maroc)
- Mabata Bata, de Joao Luis Sol de Carvalho (Mozambique)
- Hakkunde, d’Oluseyi Asurf Amuwa (Nigeria)
- The Mercy of the Jungle, de Joel Karekezi (Rwanda)
- Akasha, de Hajooj Kuka (Soudan)
- T-Junction, d’Amil Shivji (Tanzanie)
T-Junction Official Trailer#1 (2017) from Amil Shivji on Vimeo.
- Fatwa, de Mahmoud Ben Mahmoud (Tunisie)
- Regarde-moi (Look at me), de Nejib Belkadhi (Tunisie)
ZOOM
"Akasha" du Soudanais Hajooj Kuka
Présenté à la semaine de la critique de Venise ainsi qu'à Toronto, "Akasha" a le mérite de nous donner des nouvelles d'un pays dont on n'entend que peu parler au cinéma, et c'est le moins qu'on puisse dire ; ce, en plus, d'une manière apparemment originale et percutante, mêlant le conflit armé à une histoire sentimentale et même une pointe d'humour.
Le réalisateur soudanais, né en 1976, avait d'abord réalisé plusieurs documentaires, dont le très plébiscité "Beasts of the Antonov" (2014), montré dans une centaine de festivals y compris Toronto.
Avec "Akasha", Hajooj Kuka signe son premier film de fiction.
En plus de réaliser ses propres films, Kuka encourage aussi de jeunes réalisateurs soudanais avec lesquels il travaille intensément.
Matthias Turcaud