Appolinaire Rititingar : Les livres sont entrés dans ma vie depuis le jeune âge. Quand j’étais à l’école primaire à Bongor, j’étais encouragé, par les prêtres et les sœurs qui étaient là, à aimer la lecture. A l’église catholique où on se rendait souvent, on avait une bibliothèque qui était bien garnie. A chaque fin d’année, des test étaient faits pour connaître les meilleurs lecteurs et j’avais l’habitude de prendre la première place.
Des auteurs africains vous ont-ils donné envie d’écrire ?
Appolinaire Rititingar : Au fil des ans, l’envie d’écrire est venue, au fur et à mesure que j’évoluais dans mes recherches. Il fallait d’abord que j’écrive en tant que chercheur. Si je n’écris pas je ne peux pas conserver les produits de mes recherches.
En partant des auteurs qui nous ont précédés, on est inspiré… En ce qui me concerne, je peux citer les auteurs que j’ai lus en terminale, Sembène Ousmane, Ferdinand Oyono et de nombreux autres m’ont inspiré. J’ai parcouru énormément de choses de la culture africaine qui m’ont conduit à beaucoup aimer la lecture.
Pouvez-vous nous parler de vos essais ?
Appolinaire Rititingar : Lac Tchad. Boko Haram est par exemple un des ouvrages que j’ai édité à Paris parmi beaucoup d’autres : sur les conséquences drastiques de l’assèchement du lac – le manque d’éducation, la pauvreté… On ne pouvait pas garder le silence en tant qu’auteurs et chercheurs, pour créer une nouvelle gouvernance dans la région du lac Tchad, inciter les dirigeants du Tchad et du Cameroun à s’impliquer davantage par rapport à cette situation.
J’ai aussi écrit La jeunesse face à l’Afrique désemparée. Du désespoir à l’espoir. Il faudrait arrêter de penser et passer à l’acte. Un leadership participatif est par exemple selon moi nécessaire.
Vous êtes également poète…
Appolinaire Rititingar : Oui. Toi de Bimbo, moi de Birao exalte les frères et sœurs centrafricains. J’ai voulu leur parler au cœur. Quelle Centrafrique veulent-ils laisser ? Je les appelle à oublier le passé et à construire une autre Centrafrique. Un autre recueil de poèmes que j’ai écrit est à la gloire de ma mère, qui m’a éduqué toute seule après la mort de mon père.
ZOOM
De l'essai au poème
L’écriture d’un poème et l’écriture d’un essai sont complètement différentes…
Appolinaire Rititingar : Oui, c’est complètement différent.
J’ai d’abord commencé avec l’essai, je suis essayiste, ça me permet d’être clair dans mes expressions, et, comme son nom l’indique, d’essayer.
Propos recueillis par Matthias Turcaud