RWANDArt : le bouillonnement artistique rwandais
A travers la danse, la musique, la mode et l'art, le documentaire Rwandart explore l'essor de la jeune scène créative au Rwanda.
La réalisatrice Sarine Arslanian met en valeur la vitalité d'une nouvelle scène rwandaise à travers des interviews d'artistes évoluant dans différents domaines.
C'est le cas de Candy Basomingera, styliste et co-fondatrice avec Linda Mukangoga de la marque de maroquinerie "Haute Baso", qui n'a pas suivi de formation, se nourrit de différentes influences - européennes et africaines – et fait honneur aux créations artisanales rwandaises.
Les problèmes sont nombreux, mais aussi les promesses. Les cicatrices ne peuvent s’effacer, mais un avenir meilleur semble clairement possible.Bruce Niyonkuru, né au Burundi mais au Rwanda depuis l’âge de huit ans, affirme ainsi que l’ « art contemporain n’apparaît qu’après le génocide ». Certes, comme il le dit, au Rwanda, « l’art n’est pas encore pris au sérieux », mais il continue à y croire et se fait connaître. Il organise aussi des ateliers avec de jeunes femmes pour les initier aux arts visuels, ainsi de Kellia Niyibigara et Deborah Mugabo.
Le peintre et sculpteur Bruce Niyonkuru est à l'image de ces jeunes talents qui émergent sur la scène artistique rwandaise.
Le peintre Jean-Baptiste Rukundo confie qu’il aimerait que son « art ait un impact dans la vie des Rwandais et des citoyens du monde entier ». Il lui tient à cœur de lutter contre la discrimination des personnes atteintes du sida.
Rwandan Art by Jean Baptiste Rukundo
Le photographe autodidacte Jacques Nkinzingabo quant à lui était d’abord vendeur de musique à des fins alimentaires avant de devenir, par ses photos, le chantre de la beauté du Rwanda.
Jacques Nkinzingabo met en lumière ceux qu’habituellement on ne voit pas. Ses thèmes principaux sont l’immigration, la mémoire, les enjeux sociaux et culturels. Délaissant les gratte-ciels ou les signes de la mondialisation, il s’intéresse bien plutôt aux spécificités de la culture rwandaise, les manières de danser, vivre, parler…
Il a récemment ouvert le premier centre de photographie à Kigali, dans lequel il organise des expositions, ateliers, rencontres avec des photographes rwandais et internationaux.
Par son travail, Jacques Nikinzingabo fait connaître un Rwanda méconnu.
La réalisatrice Sarine Arslanian fait le choix de se priver de voix off pour bien mettre en valeur ces artistes et leur donner la parole. Elle s’arrête sur quelques figures emblématiques, prend le temps de les filmer en plan rapproché fixe avec une belle lumière, et de recueillir leur témoignage.
Les femmes se voient réservées une place importante. Outre Candy Basomingera et les apprenantes de l’atelier de Bruce Niyonkuru, Sarine Arslanian donne un coup de projecteur sur la rappeuse Angel Mutoni qui, à travers sa musique, milite activement pour améliorer la condition des femmes. Souvent elle entend des jeunes filles lui avouer vouloir devenir rappeuses mais ne pas oser à cause de leurs parents ou du regard de la société qui les musèle et les cheville.
Dotée d’une ravigotante énergie, Angel Mutoni aime chanter sur l’amour, la foi en soi, ainsi que la manière dont on peut accomplir ses rêves. Elle déplore que « la scène musicale (rwandaise) manque encore de diversité » et affiche sa détermination à continuer de toute force le combat.
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KIGALI, cet « aimant mystérieux »
Comme le dit Kit Buchan dans un article du « Guardian », il est à regretter que l’attraction culturelle principale pour les touristes à Kigali ait longtemps été reliée à des atrocités du passé, à savoir le Mémorial du Génocide.
Charles Kizito, directeur du centre artistique Ivuka, décrit ainsi la ville de Kigali comme un « aimant mystérieux » (« the mysterious magnet »). Le documentaire Rwandart de Sarine Arslanian peut aisément justifier cette attirance et cet engouement.
Comme lieux culturels majeurs, Kit Buchan cite aussi le musée d’histoire naturelle à Kandt House et le K Club à Nyarutarama, une boîte de nuit dynamique qui passe de la zouk, de la rumba et de la ragga musique.
Matthias Turcaud