Ce format peut également se targuer d’être le digne écho de ce qui se murmure dans le monde entier. Convaincu de cela, Clermont-Ferrand, est ainsi chaque année, l’espace de quelques jours au début du mois de février, la capitale du Court métrage. Sa programmation d’une importante variété et richesse, présente d’innombrables programmes : National, international, « Tous à table », « A court de rôle », « Rétrospective suisse », « Court de rattrapage », « Brèves digitales », j’en passe… et bien sûr le programme Regards d’Afrique.
Les films projetés dans le cadre du programme Regards d’Afrique sont directs. Lorsqu’un film dure entre 3 et 25 minutes, il est en effet préférable de s’attaquer rapidement à l’essentiel.
Robin Andelfinger et Ibrahima Seydi pour Mama Bobo from CINEMAS93 on Vimeo.
Pulsion suicidaire et conflit identitaire d’un jeune homme (Awake de Justus Macharia – Kenya, Royaume-Uni), jeune fille en proie à sa condition de femme en Tunisie (Black Mamba d’Amel Guellaty, Tunisie), père confronté à la mort de son enfant (Still water runs deep d’Abbesi Akhamie – Nigéria, Etats-Unis), jeune sénégalais frayant avec le radicalisme religieux (Fallou d’Alassane Sy – Sénégal, Royaume-Uni), parcours de vie d’un jeune homme schizophrène paranoïaque (Hum de Willem Grobler – Afrique du Sud),…
Pour le reste, l’approche frontale de ces films est certainement également dû à l’aspect brut et sans fard des différentes cultures des réalisateurs africains sélectionnés dans ce programme.
Une touche d’humour, de poésie et d’amour mêlés à une délicate nostalgie apparaissent également présents et embellis par un travail photographique particulièrement léchée dans certains de ces films (Il pleut sur Ouaga de Fabien Dao – Burkina Faso, France & Mama Bobo de Ibrahima Seydi, Robin Andelfinger – Sénégal, France, Belgique).
Un regard anthropologique et documentaire posé sur une pratique rituelle de guérison (Pran nesans de Daniella Bastien – Ile Maurice), le commerce ambulant d’aphrodisiaque en RDC (Tabu de Nelson Makengo – République démocratique du Congo), un angle social et traitant du rapport homme-femme (Chebet d’Anthony Koros - Kenya, Etats-Unis & Black Mamba d’Amel Guellaty – Tunisie) et l’histoire d’individus nés du mauvais côté du mur (Derrière le mur de Karima Zoubir – Maroc, Qatar & Sea of ash de Michael MacGarry – Afrique du Sud), tous ces films donnent à entendre leur point de vue très personnel et bien souvent savamment engagé en un temps imparti définitivement très court.
Et si l’on parvient à dire tant et dans une telle esthétique en si peu de temps, on en vient à s’étonner de la longueur des films habituellement projetés sur les grands écrans de nos salles de cinéma adorées.
A dire pour conclure, que ces réalisateurs, comédiens et professionnels du cinéma valent le détour et que la création cinématographique du continent en a sous le pied et n’est certainement pas à court d’idée.
ZOOM
Plus de 160 000 entrées !
L’événement Clermontois dépasse aujourd’hui les 160 000 entrées et fête cette année sa 40ième édition.
Sa renommée internationale n’est certainement plus à faire.
Quand à son public, de tous âges et couches sociales confondues, il se mêle joyeusement aux professionnels du milieu venus repérer les embryons de réalisateurs prodiges qui feront peut-être leur succès ou leur fortune de demain.
Valérie Berty