Balade au Cap-Vert avec Elida Almeida
A seulement 24 ans, un album couronné de succès et plusieurs tournées internationales, Elida Almeida propose une nouvelle balade musicale, nourrie de son pays d’origine mais aussi d’ailleurs.
Deux ans après Ora doci, Ora margos (Moments Doux, Moments Amers), la jeune chanteuse cap-verdienne revient avec douze titres où elle déploie un grand éventail de rythmes et de sonorités.
L’album s’appelle " Kebrada " en hommage au petit village reculé et montagneux du même nom dans lequel elle a grandi.
Elida Almeida puise d’ailleurs beaucoup dans ses souvenirs d’enfance pour plusieurs de ses chansons dans lesquelles elle s’inspire des comptines qui ont bercé ses jeunes années ainsi que l’incontournable figure de sa mère.
Cela dit, si l’on revient disons au bercail et au giron (maternel), on voyage aussi beaucoup, on largue les amarres même jusqu’a Cuba par l’intermédiaire de la musique…
On passe du très doux - telle la calme et liminaire " Djam Odjo " - au plus entraînant - comme avec " Bercu d’Oru " qui évoque un rythme associé au carnaval sur l’île de Santiago et appelé la tabanka -, toujours cela dit avec le fil conducteur de cette voix chaude, envoûtante et enveloppante, mélodieuse et rassurante.
Cette douceur est cependant trompeuse, la chanteuse évoquant aussi des sujets tristes ou graves tels le destin d’un fils mort de ses mauvaises fréquentations, les effets négatifs du grog (rhum local) ou encore la fin d’un amour avec " Nlibra di Bo ".
Elle est de plus accompagnée par un solide parterre de musiciens jouant qui du violoncelle, qui des claviers, de la batterie, de la basse, de l’accordéon mais aussi des instruments typiquement portugais comme la gaita ou le ferrinho - composé d’une barre de métal - grâce aux fils de l’emblématique Code Di Dona.
On embarque donc avec elle dans ce voyage riche, diversifié, teinté de joies enfantines comme d’une amertume peut-être plus adulte avec mélancolie et raffinement.
ZOOM
Le Cap-Vert, terre d'accueil musical
Le Cap-Vert peut s’enorgueillir d’une culture musicale très riche qu’Elida Almeida réutilise dans " Kebrada ".
Parmi les genres musicaux caractéristiques on peut noter, outre la tabanka liée à des fêtes carnavalesques, au batuque, la funane ou encore la coladera.
L’immigration portugaise et l’immigration forcée de populations africaines ont permis ce mélange très porteur et original, sur lequel vient aujourd’hui se greffer l’influence de la musique brésilienne.
C’est enfin la terre mère de la grande Cesaria Evora, à qui l’on doit le fameux " Petit Pays " !
Matthias Turcaud