Réouverture du Musée des Arts d’Asie et d’Afrique de Vichy
Après plusieurs mois de chantier, au programme de la réouverture du Musée des Arts d’Asie et d’Afrique de Vichy, trois expositions temporaires et une politique des publics revisitée.
Arts décoratifs et contemporains, objets ethnographiques et religieux constituent, entre autres objets, la collection du Musée des Arts d’Asie et d’Afrique de Vichy.
Dans les années 1920, des donateurs laïcs, des curistes, des fonctionnaires coloniaux et les legs d’institutions religieuses (Missions étrangères, Congrégation de la mission) viennent étoffer la collection déjà existante du Musée du Missionnaire.
En 2002, un ancien établissement thermal accueille dorénavant la collection d’arts venus de Chine, d’Asie du Sud-Est, du Maghreb, d’Afrique de l'ouest et d'Afrique centrale.
Elle donne aujourd’hui à voir un large panel d’objets traditionnels et contemporains.
Interview de sa directrice, Marie-Line Therre.
Pouvez-vous nous parler du musée dont vous êtes la directrice ?
Marie-Line Therre : Nous sommes un Musée de France, c’est-à-dire que nous sommes considérés comme une institution française d’intérêt public.
Le Musée des Arts d’Asie et d’Afrique de Vichy a été créé dans les années 1920 en lien avec le contexte historique de Vichy. A l’époque, de nombreuses personnes venaient en cure dans la ville, notamment des religieux. Certains d’entre eux apportaient des objets. Cela a progressivement permis de constituer une collection. Pendant le XXième siècle, le musée était un cabinet de curiosités.
En 2002, le musée a été entièrement rénové. Il a aujourd’hui une nouvelle politique et des expositions temporaires mettant en avant cette nouvelle orientation. A partir de ce moment, les collections sont installées dans un ancien établissement thermal. Cet espace a permis une belle mise en valeur des collections.
On travaille actuellement en partenariat avec des passionnés et des collectionneurs. Grâce à eux nous pouvons proposer régulièrement des expositions temporaires. Ces particuliers, nous prêtent ou nous donnent des objets. Cela permet de constituer des séries. On a également une politique d’achat de nouveaux objets pour compléter notre fond.
Pouvez-vous parler des trois expositions ayant lieu en ce moment au Musée ?
Marie-Line Therre : Les trois expositions sont liées. A travers elles, nous avons réfléchi aux notions d’interculturalité et d’universalité.
Dans La Fabrique des animaux, par exemple, selon le continent et le lieu, le rapport aux animaux est différent. Egalement, dans l’exposition Je suis beau, sur la question de l’image masculine, le rapport diffère selon les sociétés.
Mais quel que soit le sujet de nos expositions, nous le traitons à l’identique, d’un point de vue universel. Nous partons du patrimoine et nous remontons le fil de l’histoire.
Dans l’exposition Je suis beau nous exposons différents critères de beauté dans le monde actuel. On peut ainsi voir des Sappeurs de la République démocratique du Congo ou des Nagas d’Inde du Nord.
Quelles sont les activités développées autour des expositions ? Et, quels sont les publics du Musée ?
Marie-Line Therre : Une des missions importantes du musée est la transmission en direction des enfants, des familles et des publics scolaires. Aussi, on conçoit chacune des expositions afin qu’une double lecture soit possible.
Dans le travail avec les scolaires, nous organisons des visites spécifiques. Ici, l’interaction joue un rôle central. Le fait de se confronter à la différence par l’intermédiaire d’un bel objet, aussi. Les objets sont là pour raconter des histoires. Celles des hommes et des femmes qui les ont créés.
L’entrée est gratuite pour les enfants. Notre public est assez vaste. Les week-ends, le public est particulièrement familial. Cela dépend aussi des événements. Pour la nuit des musées, par exemple, nous avons eu un public très jeune.
Le musée a été en chantier pendant quelques mois. Quels changements se sont opérés pendant ce laps de temps ?
Marie-Line Therre : Durant cette période, nous avons pris le temps de réfléchir à notre discours, à la politique de notre lieu. Nous voulions intégrer les objets de la collection dans une pensée universelle. Interroger nos origines, les critères de beauté à travers le monde... Depuis quelques temps nous achetons de la création contemporaine.
ZOOM
Le questionnaire d'Africa Vivre
Quels sont les ingrédients indispensables pour concocter une belle exposition, selon vous ?
Marie-Line Therre : Une belle histoire et des objets qui servent le discours.
Quelle est, pour vous, la journée parfaite ?
Marie-Line Therre : Hier matin, par exemple. J’ai eu un groupe d’enfants en visite guidée. J’ai senti qu’ils accrochaient particulièrement avec l’histoire que je leur racontais autour de La Fabrique d’animaux. C’était chouette !
Quels sont vos héros préférés dans la vie réelle ?
Marie-Line Therre : Ceux qui traversent l’histoire du Musée. Michel Leiris, par exemple. Ce sont des ethnologues.
Quels sont vos héros préférés dans la fiction ?
Marie-Line Therre : Dernièrement, j’ai relu Narcisse et Goldmund d’Hermann Hesse. L’histoire illustre bien notre travail au sein du musée. Elle explore l’humain à travers les âges. J’ai trouvé ses personnages inspirants.
Qu’avez-vous prévu de faire demain (le jour suivant l’interview) ?
Marie-Line Therre : Demain, des visites guidées sont prévues. Un musée souhaite nous emprunter un objet de Nouvelle-Calédonie. Je dois faire un dossier pour cela.
Le reste de mon temps sera consacré à la question de la politique public. Nous cherchons quotidiennement à faire venir le public et à nous ouvrir à de nouveaux.
Eva Dréano