Pas d’artifice, il photographie la réalité telle qu’elle lui apparaît au gré de ses balades dans les rues du Caire.
Sa série issue des « Cairo Saturday Walks » sera présentée du 13 septembre au 12 novembre 2017 en même temps que celles de 49 autres artistes.
L’Institut du monde arabe, la Maison européenne de la photographie et six autre lieux parisiens accueilleront cet événement photographique qui se propose de révéler les réalités cachées du monde arabe.
Interview avec Karim El Hayawan.
Vous présentez dans le cadre de la deuxième biennale des photographes du monde arabe contemporain une série de photographies intitulée « Cairo Saturday Walks ». Pouvez-vous nous parler de ce projet photographique ?
Karim El Hayawan : Les marches du samedi au Caire est une initiative née spontanément. Rien n’a été pensé en amont, cela s’est fait naturellement.
J’avais à ce moment-là pris l’habitude de sortir me balader pour prendre des photos. Beaucoup de mes amis ont commencé à se joindre à moi. Ils se sentaient plus à l’aise de sortir en groupe pour prendre des photos. Aujourd’hui nous sommes une centaine à en faire partie. Nous commençons à être connu. Nous avons un compte Instagram et nous rendons publiques nos photographies. Les membres de ce collectif viennent du Caire et d’ailleurs en Egypte. Il y a parmi nous des photographes professionnels et amateurs.
Au bout de 1 ou 2 ans de marches photographiques nous avons décidé de réaliser une exposition. Tous les bénéfices des ventes de photographies ont été reversés à une ONG du quartier dans lequel nous avons pris les photographies. Notre but est de créer quelque chose de pérenne, une librairie par exemple, quelque chose qui puisse servir aux habitants de ce quartier. Une manière de rendre à la rue ce qu’elle nous a donné.
La série de photographies qui sera exposée dans le cadre de la Biennale des photographes du monde arabe contemporain est majoritairement issue de ces marches du samedi passées à explorer la ville. Les clichés seront diffusés sur un écran. Ils rendront compte du flux et de la vie grouillante dans les rues du Caire.
Pouvez-vous nous décrire le style de photographies que vous réalisez ?
Karim El Hayawan : Parfois ce sont des portraits de personnes, d’animaux, des bâtiments et des murs. Je prends en photo tout ce que je rencontre sur mon chemin.
Qu’est-ce qui vous a mené à la photographie ?
Karim El Hayawan : Je prends des photos depuis cinq, six ans. J’en prenais beaucoup durant mes études architectures et quand les smartphones sont arrivés, j’ai pris des photos avec. Je me suis mis aussi à suivre des cours pour apprendre les techniques de la photographie. Puis, j’ai voulu prendre une nouvelle direction, aller vers quelque chose de plus conceptuel avec une perspective sociale.
J’ai réalisé depuis plusieurs expositions. Cinq ou six en tout. C’était au début un passe-temps. C ‘est en train de devenir mon métier.
Quels sont vos projets pour la fin 2017 et 2018 ?
Karim El Hayawan : Je travaille actuellement sur un projet qui s’appelle Decay. Je m’intéresse aux habitudes et comportements qu’ont construit les membres de ma communauté, de mon environnement. C’est un projet abstrait, en même temps il est très concret, dans le vif du sujet. Je ne veux pas en dire plus. Vous le découvrirez bientôt.
ZOOM
Karim El Hayawan à coeur ouvert
Quel est l’ingrédient indispensable pour concocter une belle exposition, selon vous ?
Karim El Hayawan : Etre honnête sur le message que l’on veut transmettre.
Quel est selon vous la journée parfaite ?
Karim El Hayawan : Cette journée est fait d’excitation, de relations humaines et de nouvelles explorations.
Quel est la pire chose qui puisse arriver sur terre, selon vous ?
Karim El Hayawan : Il y en a tellement ! Cela va de Donald Trump jusqu’à une guerre mondiale. Mais heureusement les bonnes choses n’arrêtent pas non plus d’arriver quotidiennement. Disons pour n’en choisir que deux, les selfies et Donald Trump.
Quel est votre pire défaut ?
Karim El Hayawan : Je n’ai aucune notion du temps.
Qui sont vos héros dans la vie réelle ?
Karim El Hayawan : Tous les jours j’ai de nouveaux héros. Il n’est pas possible de garder un seul héros toute sa vie.
Quel est votre slogan ?
Karim El Hayawan : Je ne sais pas où je vais, mais je suis sur le chemin.
Qu’avez-vous prévu de faire demain (le jour suivant de l’interview) ?
Karim El Hayawan : Je vais essayer de faire ce que j’aime le plus, du mieux que je peux.
Eva Dréano