De quoi rassurer tous les mélomanes et enflammés du highlife. Accompagné de son Sekondi Band, il sort ce mois-ci, Ketan, son 30ème album.
Toujours nimbé de sa voix de James Brown ghanéen, de son flow engagé et joyeux, le créateur de l’afro-rap et pionnier du hiplife, à quelques malheureuses années d’un jubilé de carrière, ne va pas s’arrêter en si bon chemin.
Depuis 1973 et son fameux morceau Simigwa-do, il nous fait furieusement danser en composant des mélodies détonantes.
En récompense de ses nombreux et loyaux services pour une création toujours plus groovy, il reçoit aux Etats-Unis deux prestigieux prix, un ‘Lifetime Achievement Award’ et un ‘Certificat de Reconnaissance Spéciale’ des mains du gouverneur de Californie. Egalement, un Ghana Music Awards en 2013.
Primé, créatif et récréatif, il ne semble toujours pas avoir perdu la recette du succès. Interview.
Vos morceaux sont engagés, pleins d’humours et de joie. Comment qualifieriez-vous votre musique ?
Blay Ambolley : Je joue de nombreux instruments. Cela m’aide à être très ouvert d’esprit musicalement. C’est aussi un bon moyen, selon moi, pour échanger avec les personnes pour qui je joue, mon public. Cela m’importe beaucoup d’être toujours en lien avec mon public. Aussi, de ne surtout pas jouer une musique déconnectée de la réalité et des gens.
Vous avez produit de nombreux albums. Comment est-on aussi prolifique ?
Blay Ambolley : Ketan est mon 30ème album ! La musique n’a pas de fin. Tant que le souffle de la vie coule en nous, nous continuons à jouer. Tant que la musique continue de venir et de s’immiscer comme une vague dans notre esprit... On continue de jouer !
Pouvez-vous expliquer le choix du titre de votre nouvel album ?
Blay Ambolley : Ketan est la ville du Ghana où j’ai grandi. Je suis allé à l’école primaire dans cette ville. J’y ai vécu de merveilleux moments et je voulais rendre hommage à cet endroit.
Vous avez inventé le style de musique hiplife. Qu’est-ce que la hiplife aujourd’hui ?
Blay Ambolley : Ma façon de rapper, mon flow rapide lorsque je chante, ont créé le hiplife d’aujourd’hui. Certains jeunes jouent de cette musique. Parmi eux, il y a de brillants musiciens. Je travaille avec ceux-là. Bientôt, nous rendrons public quelques-uns de leurs morceaux.
Pouvez-vous choisir un morceau de votre nouvel album et nous en parler ?
Blay Ambolley : Si je devais choisir un seul morceau, ce serait Afrika Yie. Dans ce morceau, je demande à mes frères de se réveiller. Ils dorment depuis trop longtemps et passent à côté de leur vie, du cadeau de la vie.
Nous nous appartenons. Nous devons profiter de notre vie et respecter le lieu d’où nous venons. Nous avons tous grandi sur terre et nous bénéficions tous de la même manière de ses bienfaits. Nous devons nous en rappeler.
ZOOM
Blay Ambolley répond au questionnaire d'Africa Vivre
Quels sont les ingrédients indispensables pour concocter un bel album, selon vous ?
Blay Ambolley : Votre imagination, votre capacité à avoir une vision d’ensemble, votre sens de la mélodie et les textes que vous composez. Les textes doivent avoir du sens. Ils doivent évoquer une certaine forme de vérité pour vous et pour le public.
Un bon album est dur à réaliser mais si vous persévérez en réunissant tous ces éléments, le résultat sera magnifique.
Quelle est, pour vous, la journée parfaite ?
Blay Ambolley : Mon jour parfait est celui où je compose un beau morceau. Ce jour-là arrive lorsque mon esprit est fécond.
Quel serait votre plus grand malheur ?
Blay Ambolley : La pire chose qui pourrait arriver dans ce magnifique monde est de ne pouvoir partager ce qui nous est donné dès notre naissance, notre chère planète terre.
Quels sont vos héros préférés dans la vie réelle ?
Blay Ambolley : Oyankupon qui a créé le paradis et la terre. Mes parents. Et musicalement, James Brown. Parce que James Brown a créé une musique originale dont on connaît les racines africaines. Sa façon de chanter, de danser, pour toutes ces raisons, James Brown !
Avez-vous une devise ?
Blay Ambolley : Allons toujours de l’avant, ne reculons jamais !
Qu’avez-vous prévu de faire demain (le jour suivant l’interview) ?
Blay Ambolley : Je sais qu’aujourd’hui je vais faire de mon mieux et demain, je prendrais soin de moi !
Propos recueillis par Eva Dréano