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L'Afrique dans les oreilles, interview de Sylvain Dartoy, son co-fondateur
L'Afrique dans les oreilles est la seule Agence pluridisciplinaire sur l’Afrique et ses afro-descendants
Depuis 2010, l'Agence L’Afrique dans les oreilles oeuvre à la promotion des cultures africaines et de leurs résonances.
Arts de la rue, arts de la parole, musique, spectacle jeune public, danse, théâtre, contes, marionnettes, les formes et les styles varient.
Le point commun de tous ces projets originaux et uniques ? Le désir de prôner un certain "vivre ensemble" et de rompre avec une représentation folklorique de l’Afrique.
Interview avec Sylvain Dartoy, le co-fondateur et porte-voix de l'Agence l'Afrique dans les oreilles.
Vous êtes à l’origine de l'agence de production L'Afrique dans les oreilles. Pouvez-vous nous parler du chemin qui vous a mené à créer cette agence ? Egalement de ses différentes couleurs musicales et formes artistiques représentées ?
Sylvain Dartoy : Je suis le co-fondateur de l'agence avec ma femme. Notre projet est né de notre passion pour l'Afrique et ses musiques. Egalement de mon passé de musicien. En 2010, on a créé la structure avec ma femme Léa Lankoandé. Au départ, L'Afrique dans les oreilles était un projet d'échange artistique qu'elle menait au Burkina Faso.
Après cette aventure humaine et artistique riche, on a décidé de créer L'Afrique dans les oreilles. Dès le début, on était pluridisciplinaire et l'Afrique, ses résonances et afro-descendantes étaient au centre de nos pensées.
Nos projets étaient alors des interventions pédagogiques. Déjà, de nombreuses formes artistiques nous intéressaient : les arts de la rue, de la parole, les spectacles pour le jeune public… On voulait rompre avec les idées reçues et les représentations folkloriques de l'Afrique et de ses musiciens. Favoriser l'ouverture des consciences et le vivre ensemble.
Depuis peu, de nouveaux artistes sont venus enrichir votre catalogue. Pouvez-vous nous parler de ces nouveaux arrivants ? Qui sont-ils ?
Sylvain Dartoy : On a eu le bonheur d'accueillir récemment le mythique Bal de l'Afrique enchantée. Les mercenaires de l’ambiance ont choisi d’intégrer notre catalogue car nous partageons les mêmes valeurs.
Les Dieuf-Dieul de Thiès sont produits par le label Teranga Beat (Ndlr : Les Dieuf-Dieul de Thiès est un groupe sénégalais de retour sous les feux des projecteurs après trente ans d’absence. Ils mêlent chant, guitare fuzz, section de cuivres et percussions). Le label m'a suggéré d'écouter leur musique. Je n’ai pas été déçu. Ça a été même un coup de cœur !
Le groupe sénégalais de légende des 80's Dieuf-Dieul de Thès est venu enrichir le catalogue de L'Afrique dans les oreilles.
Pour le groupe d’afrobeat Fanga, je suis rentré en contact avec eux. Je suis un fan de la première heure. A l'occasion de la sortie de leur dernier album, je leur ai proposé qu'on travaille ensemble.
On a signé tout récemment avec Balani Sound System. Le groupe est constitué de deux balafons et d’une personne aux machines et à l'ambiance. Avec eux, on entre dans la sphère électro.
Je cherche toujours à aller chercher des projets uniques. J'essaye aussi de découvrir de nouveaux projets. Pour que notre catalogue soit harmonieux.
Cette année on s’est également ouvert aux arts de la parole. Au MASA - Marché des arts du spectacle africain - d'Abidjan, j'ai rencontré la conteuse Flopy. Une élève du célèbre taxi conteur.
Sylvain Dartoy a eu un coup de foudre pour la conteuse Flopy et a décidé de l'intégrer dans un plan de développement de carrière, de s’occuper de son management.
Puis, j'ai rencontré Emmanuel Lambert. Il est artiste de théâtre de rue, auteur et comédien. Le texte de sa pièce Exil Exit est engagé et parle de l’exil. Je l'ai rencontré en France et j’ai voulu travailler avec lui aussi parce que son travail m’a plu.
Tout cela fait de nous la seule agence au monde à être pluridisciplinaire, sur l'Afrique et ses afro-descendants !
Quel rapport entretenez-vous avec les artistes de votre catalogue ? Et avec les artistes, plus généralement ?
Sylvain Dartoy : On nous appelle souvent pour nous parler de projets en gestation. On donne des conseils sur des aventures artistiques qui démarrent. On fait du management artistique.
J'ai beaucoup d'échanges avec de nombreux artistes sans pour autant les intégrer dans le catalogue. On a vécu en Afrique. On a donc une connaissance culturelle et sociale de l’Afrique de l'Ouest. C'est un plus qui nous sert dans notre travail au quotidien.
ZOOM
Le questionnaire d'Africa Vivre
Quel est l'ingrédient indispensable pour concocter une belle musique, selon vous ?
Sylvain Dartoy : Une énergie pure et universelle !
Dans dix ans, où serez-vous ?
Sylvain Dartoy : J'espère être toujours dans ce métier et être un acteur incontournable du secteur du spectacle vivant. J'espère que j'aurai étendu mon champ d'action à d'autres continents !
Si la musique devait se résumer en un slogan, quel serait-il ?
Sylvain Dartoy : Musique, source de vibration universelle.
Qu'avez-vous prévu de faire demain, le jour suivant l'interview ?
Sylvain Dartoy : Je crois, la même chose qu'aujourd'hui : défendre mes artistes, véhiculer nos valeurs auprès des opérateurs culturels français et internationaux.
Si vous ne deviez emporter qu'un seul livre d'un auteur africain partout avec vous, lequel serait-il ?
Sylvain Dartoy : Je lis peu. Je dirais, L'épopée mandingue !
Quel est votre film d'un réalisateur africain préféré ?
Sylvain Dartoy : Capitaine Thomas Sankara de Christophe Cupelin
Quel est l'homme ou la femme politique africaine pour lequel/laquelle vous voteriez les yeux fermés ?
Sylvain Dartoy : La co-fondatrice du mouvement « Y en a marre » et réalisatrice sénégalaise Rama Thiaw (Ndlr : elle est la réalisatrice du film The revolution won't be televised).
Si vous ne deviez écouter qu'un album en boucle, lequel serait-il ?
Sylvain Dartoy : L'album de Dieuf-Dieul de Thiès, Aw Sa Yone volume 2.
Si vous ne deviez manger qu'un plat africain toute votre vie, lequel serait-il ?
Sylvain Dartoy : L’igname pilé sauce mafé avec du piment. Le plat que j'ai mangé ce midi d'ailleurs.
Si vous deviez vivre dans une ville africaine, laquelle serait-elle ?
Sylvain Dartoy : Bobo Dioulasso. C'est une ville tranquille.
Propos recueillis par Eva Dréano