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Fk, entre hip hop, trap et afrobeat
Purple Kemet, le nouvel album de Fk, est un retour à ses origines africaines.
Dans ses derniers clips, CDD et Mogo 225, annonçant la sortie de Purple Kemet en mai 2016, il rappe sur des rythmes trap et afrobeat.
Jeune chanteur franco-ivoirien originaire de Nantes, Fk représente cette jeune génération montante faisant feu de tout rythme africain et n’ayant pas sa langue dans sa poche.
Interview avec un artiste au flow terrible et au rap décomplexé.
Votre musique est métissée. Vous rappez sur des rythmes trap, afro-trap, logobi et afrobeat. Votre rap est le fruit de nombreuses influences. Pouvez-vous en parler ?
Fk : Le rythme que j’utilise le plus est l’afrotrap. Plus récemment, on a décidé de travailler sur des rythmes afrobeat. Lorsque je rappe sur ces types de musique, cela fait appel à certains codes, un certain langage.
Lorsque je parle de Mogo, pué, mougou... je parle en mushi. Une langue ivoirienne. Elle me vient de mon père. Par contre, je ne rappe pas sur des beats logobi. (Ndlr In wikipedia : le logobi, signifie en nouchi, langage des jeunes des ghettos, « faire le malin ». Née dans les années 80 dans les rues d’Abidjan, le logobi, aussi appelé "danse des gros bras" est une danse consistant à reproduire des combats de rue.)
Actuellement, les médias parlent beaucoup de rappeurs mixant des rythmes africains et trap. Pouvez-vous parler de ce phénomène nouveau ?
Fk : Shado Chris, un beatmaker de Côte d’Ivoire et Kiff No Beat, un des groupes de hip-hop ivoiriens les plus populaires, ces mecs-là américanisent beaucoup la musique tout en restant dans leur culture, très africaine.
Dans mon nouvel EP, il y a deux morceaux afrobeat. Mais je ne m’arrête pas à ce seul style de musique. C’est probablement nouveau pour les médias d’entendre ces rythmes africains mixés avec du rap. Alors, ils en parlent comme un phénomène nouveau.
Mais on a déjà entendu ces rythmes-là. On a déjà rappé dessus. En ce moment, on est peut-être tous plus décomplexé et on assume plus ces mélanges. Mhd, (Ndlr : jeune rappeur parisien d’origine sénégalo-guinéenne) a, en quelque sorte, ouvert la voie aux autres.
L'album Purple Kemet (Ndlr : le titre de l’album est une référence à l’Afrique. Kemet est un terme utilisé dans l’Egypte antique. Il se traduit généralement par « terre noire » ou « terre des hommes noirs ») est pour moi comme un retour à mes origines.
Pourquoi rappez-vous ?
Fk : Dans mes chansons, je prône surtout l’épanouissement personnel. Mon moteur n’a jamais été d’être le porte-parole d’une cause, ni d’une génération ou de mettre en avant des revendications politiques. Je sais qu’il y a des gens à qui ça parle, ma musique. Je pense simplement qu’à travers mon expérience, d’autres peuvent se retrouver.
Quel est votre rapport à la Côte d’Ivoire ?
Fk : J’ai un lien très familial avec ce pays. Pourtant, cela fait longtemps que je n’y ai pas été. Après les élections présidentielles de 2015, beaucoup de membres de ma famille ont émigré.
Enfin, rassurez-nous, votre CDD (Ndlr : en référence au clip CDD de son nouvel EP) se prolonge-t-il ?
Fk : (Rires) Oui. J’ai réussi à avoir une prolongation. Et pour l’instant cela se passe bien !
FK - Freestyle Booska Parlons peu
ZOOM
Le portrait chinois de Fk
Si vous étiez un(e) auteur(e) africain(e) ou un livre. Qui seriez-vous ?
Fk : Je serais Cheikh Anta Diop.
Si vous étiez un(e) réalisateur(trice) africain(e) ou un film. Qui seriez-vous ?
Fk : Je ne connais pas de réalisateur africain. Je serais plutôt Spike Lee.
Si vous étiez un(e) musicien(ne) / chanteur/teuse africain(e). Qui seriez-vous ?
Fk : Tiken Jah Fakoly.
Si vous étiez un album. Qui seriez-vous ?
Fk : L’Africain de Tiken Jah Fakoly.
Si vous étiez un plat africain. Lequel seriez-vous ?
Fk : Je dirais le Garba tieboudienne, (Ndlr : le garba est un plat ivoirien à base de semoule de manioc, le Tieboudienne le fameux plat en sauce sénégalais.) Il y en a tellement, je ne peux pas choisir. Tous mes plats africains sont mes plats préférés.
Si vous étiez une ville africaine. Laquelle seriez-vous ?
Fk : Grand Bassam.
Propos recueillis par Eva Dréano