Le tsapiky de Damily met tout le monde en transe
Damily est une star à Tuléar à Madagascar et son huitième album sorti en 2015, est une petite bombe mêlant rock et tsapiky, un style musical tradi-moderne malgache.
Sur scène comme sur album, dès l’écoute des premières notes, votre corps est pris d’une envie pressante de se contorsionner.
C’est compulsif, assez violent et complétement incontrôlable.
L’album Very Aomby, enregistré entre un coin de bal poussière malgache au son saturé et un petit studio de Tuléar, est brut et va droit là où ça fait du bien.
Damily est constitué d’un trio de choc guitare basse batterie. Pourquoi voudrait-on s’encombrer de plus ?
Interview avec l’efficace et sans détour Damily.
Son saturé, rythme rock électrifié avec les moyens du bord, voix ahurissante et accomodage tradi-moderne du tsapiky… est-ce possible de ne pas rentrer en transe en écoutant votre musique ?
Damily : A Madagascar, quand mon groupe joue, tout le monde rentre en transe. En France aussi, tout le monde rentre en transe. En Europe, le style tsapiky n’est pas encore connu. Mais ça va venir.
Votre musique est affreusement efficace. Elle plait à un très large public. Comment faites-vous cela ?
Damily : Ma recette est très simple. Elle vient de Madagascar. On a beaucoup joué notre musique dans de nombreux lieux. Elle rentre dans le corps des gens. Je compose des mélodies qui parlent aux gens. A Madagascar, notre musique est comme une sorte de médicament.
Comment vous est venue l’idée d’être musicien ?
Damily : Je n’en ai pas eu envie, petit. Mais quand j’avais 5 ans, ma mère a fabriqué une petite guitare pour moi et mon frère. On passait tout notre temps libre comme ça, à jouer.
Puis, le tsapiky est arrivé dans les années 80. Je suis né à la campagne. Je n’avais pas pour rêve de devenir une star. C’est arrivé comme ça.
Qu’est-ce que le tsapiky ?
Damily : Le tsapiky est une jeune musique de Tuléar. Ce style musical est né à la fin des années 80. Il est la rencontre de la musique africaine des années 70 et des chants villageois de ma région. A Tuléar, le tsapiky berce la ville et soulage les gens souffrant. Le tsapiky, c’est ma culture. Je la garde !
Je n’ai jamais joué d’autres styles de musique. J’ai tout appris par voie orale. J’aimerais bien découvrir d’autres musiques. Mais je n’ai pas encore eu l’occasion de créer de nouveaux projets avec d’autres artistes.
Vous avez une carrière musicale de plus de 30 ans. Quels sont vos projets musicaux à venir ?
Damily : Ils seront autour du tsapiky toujours, bien sûr. J’essaye de faire découvrir ce style de musique au monde entier. Mon prochain album sera enregistré en live. Mon premier était enregistré dans un bal poussière. Je voudrais enregistrer mon prochain dans un chapiteau.
Vidéo illustrant le projet musical Very Aomby de Damily
ZOOM
Le portrait chinois de Damily
Si vous étiez un(e) musicien(ne), un(e) chanteur/teuse africain(e). Qui seriez-vous ?
Damily : Je serais Franco. Je l’ai beaucoup écouté car j’adore ce qu’il fait. Il est bon guitariste, chanteur et choriste. A Madagascar, on est influencé par beaucoup de styles musicaux différents. On écoute beaucoup de musiques qui viennent d’ailleurs.
Si vous étiez un plat africain. Lequel seriez-vous ?
Damily :Le Vary nohofia, c’est mon plat préféré à Madagascar. Un plat fait de riz et de poisson.
Si vous étiez une ville africaine. Laquelle seriez-vous ?
Damily : Tuléar parce que c’est de là où je viens.
Propos recueillis par Eva Dréano