KUKU : " La musique me dit où aller "
Nouvel album Ballads & Blasphemy - Buda Musique
KUKU a déjà vécu plusieurs vies, est doté d’un humour certain et d’une humanité innée, rencontre avec un artiste sincère !
Tel un prêcheur, KUKU chante de sa voix mystique la distinction nécessaire entre politique et religion.
Egalement, la nécessité de se préserver de tout dogmatisme. Très critique envers l’espèce humaine, KUKU garde cependant une indéfectible foi en elle.
Né à Miami, ayant grandi au Nigéria, vous avez vécu aux USA et êtes actuellement installé à Paris. Vous faites des études de graphisme, puis vous vous engagez dans l’armée. Vous avez déjà vécu plusieurs vies. Quelle est donc votre vie suivante ?
KUKU : Je ne sais pas encore. Je ne suis pas prophète. Ce qui est sûr cependant, c’est que la musique est ma vie. Elle me dit où aller.
Petit, vous grandissez dans la culture musulmane. Adulte vos pas vous éloignent de la foi religieuse. Pouvez-vous nous dire ce que racontent les 11 gospels areligieux de votre nouvel album Ballads & Blasphemy ?
KUKU : Ma famille est musulmane. Enfant, je pratiquais la religion en famille et j’aimais beaucoup ces moments. Quand j’ai grandi, je ne voulais pas être handicapé par la religion. Je voulais me sentir libre de toutes pensées.
Dans le morceau Waya, par exemple, je parle de la culture de nos parents qui nous forcent à faire des choses au nom de la tradition. Evil Doers questionne les personnes qui prennent la religion du mauvais coté. Alaropin, est une chanson sur les personnes qui parlent beaucoup des autres, sur les personnes médisantes. Cette chanson est la version nigériane de votre chanson française Parole, parole de Dalida.
Vous êtes porteurs de plusieurs cultures. Comment cela apparaît dans votre vie ?
KUKU : Il y a beaucoup de cultures différentes au Nigéria. La culture yoruba, je la connais bien et j’aime la partager. La langue yoruba est belle et je veux qu’on le sache.
J’ai passé le plus clair de ma vie aux USA et ce que j’ai pris de la culture américaine est, je crois, le meilleur de cette culture. J’ai pris des USA la « vibe », l’esprit de détermination propre aux Américains.
Puis, j’ai fais un mélange de tout cela. La majorité des personnes sont le fruit de plusieurs cultures. C’est ce qui fait la beauté de l’humanité.
Plusieurs artistes vous accompagnent dans cette balade musicale. Pouvez-vous nous en parler ?
KUKU : Il y a sept musiciens qui m’accompagnent sur cet album. Tony Allen joue de la batterie. Il est un très grand musicien. Il y a aussi mon grand frère, Cyril Atef. Il joue sur le morceau Open your eyes while you pray. Ils sont vraiment supers, très humains.
Et les autres artistes sont par exemple le guitariste sud-africain Mongesi Ntaka ayant déjà joué avec Vusi Mahlasela & Hugh Masekela, le bassiste Hilaire Penda… nous sommes huit à avoir fait cet album.
Vous avez une voix grave et profonde, idéale pour une carrière ecclésiastique. Sûr de votre choix de carrière ?
KUKU : (rires) C’est une bonne question ! Ce qui compte c’est que je suis sincère. Je ne suis pas sûr de ce que je fais. Cependant, je préfère cela plutôt que de laisser penser que je suis dans un dogme et que je suis sûr de là où je vais. J’ai l’idée que c’est ce que les gens aiment, d’ailleurs. Que l’on soit sincère avant tout.
Evil Doers, 1er single du nouvel album de KUKU Ballads & Blasphemy
ZOOM
Le portrait chinois de KUKU
Si vous étiez un(e) auteur(e) africain(e). Qui seriez-vous ?
KUKU : (rires) Je serais KUKU. Comment faire autrement ? J’aime aussi beaucoup Paulo Coelho, qui n’est pas un écrivain africain. Et l’écrivain nigérian Chinua Achebe.
Si vous étiez un(e) réalisateur(trice) africain(e). Qui seriez-vous ?
KUKU : Je serais plusieurs réalisateurs à la fois. Steven Spielberg, Spike Lee et Ava DuVernay, la réalisatrice du film Selma, sur Martin Luther King.
Si vous étiez un(e) musicien(ne) / chanteur/teuse africain(e). Qui seriez-vous ?
KUKU : Je serais moi. Juste moi ! Je ne pourrais pas dire je voudrais être Tony Allen ou Fela Kuti. Bien sûr, j’aime beaucoup ce qu’ils font et j’aime beaucoup d’autres musiciens. Par contre, je n’aime pas la musique avec grande amplification, beaucoup de micro. J’aime la musique simple, épurée.
Si vous étiez un plat africain. Lequel seriez-vous ?
KUKU : Je serais le jollof rice. C’est une spécialité que l’on trouve au Nigéria, au Ghana et au Cameroun. C’est très bon avec du mouton ou du poulet.
Propos recueillis par Eva Dréano