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Terakaft en concert, entre blues nostalgique et rock viscéral

Nouvel album Ténéré – World Village & Harmonia Mundi

Cinq albums et des kilomètres de Sahara au compteur, le groupe Terakaft inspire inévitablement le respect.

Se produisant sur la scène du New Morning mardi 28 avril dernier, Diara et Sanou débutent le concert en douceur pour mieux nous entraîner dans leurs riffs de guitare, invisibles toiles d’araignées soigneusement tissées. Nous sommes happés, littéralement hypnotisés.

Ils sont quatre sur scène et jouent une musique dans la plus pure tradition ishumar. Entendez par là, style musical touareg inventé par le groupe Tinariwen et signifiant « chômeur » en français.

La première partie de leur concert est consacrée à des morceaux de leur ancien répertoire. On y danse et le public est vite en transe.

Terakaft

Dans la deuxième, ils jouent les morceaux de leur nouvel album Ténéré, signifiant « seul » en français.

Diara dit, en parlant de la situation géopolitique dans le Sahara, qu’il se sent ténéré : ne sachant pas comment agir, ni réellement quel est son rôle à jouer. Ainsi s’appelle leur nouvel album.

Et leurs morceaux ? Ils parlent bien sûr d’amitié avec « Amidinin senta aneflas », d’amour avec « Kal hoggar » et de la situation au Nord Mali avec « Oulhin Asnin » et « Itilla Ihene Dagh Aitma ».

Les chansons de Terakaft, oscillent entre blues savoureusement nostalgique et rock viscéral. Tels des poèmes déclamés dans le désert à qui veut bien les entendre, elles sont tantôt des déclarations, des incantations ou des histoires presque racontées pour soi. Des invitations au partage, assurément.


Terakaft - Alone (Ténéré)

ZOOM

Du blues au rock, le chemin du groupe Terakaft

Si leur musique ressemble tant au blues touareg de Tinariwen, c’est sans aucun doute car ceux-là ont été très liés.

Diara a été durant la moitié de sa vie l’un des leaders de Tinariwen. Lorsqu’il quitte le groupe dans les années 2000, il manque de peu son explosion à l’international.

Sanou, à l’instar de son ainé a également longtemps frayé avec les bluesmen du désert. En 2001, il crée Terakaft avec Kedou. En 2007, Diara le rejoint.

Terakaft, signifie la caravane en tamasheq et avec ce nouvel arrivant, le groupe prend un nouveau chemin, plus rock.

Ces nomades de la musique sont dotés d’un sacré doigté : leur tournant musical est joliment amorcé. Le groupe trouve une place sur la scène internationale. Leurs riffs sont littéralement hypnotiques et les rythmiques qu’ils nous offrent sont une invitation à la danse et au partage.

Eva Dréano