Le groupe Tal National, philanthrope comme pas deux, scande haut et fort son désir d’insuffler joie et plaisir à son public. Voilà tout un programme bien alléchant qui mérite nos encouragements.
Interview avec Hamadal, leader du groupe Tal National déjà superstar au Niger.
Vous vous êtes construits depuis une dizaine d’années une belle réputation dans votre pays en sillonnant les routes de votre pays, en y jouant aux quatre coins des concerts pouvant durer parfois 5 heures, souvent 7 jours sur 7. Une grande partie d’entre vous travaille toujours à côté. Quel est votre secret ?
Hamadal (Ndlr : aussi connu sous le nom d’Almeida) : On a construit cet orchestre pour répondre à un manque : aucun groupe ne marchait véritablement au Niger. Aucune formation n’existait, n’animait nos fêtes religieuses.
On voulait toucher toutes les sensibilités, toutes les ethnies. Aussi, les 8 ethnies existant au Niger sont représentées dans notre groupe (Ndlr : des Haoussas, des Zarmas, des Peuls, des Gourmantchés, des Kanouris, des Toubous, des Arabes et des Touaregs). Tal National est apolitique. Pour ne mettre aucune barrière entre le public et nous, on voulait être tout public.
Les gens prennent notre musique au sérieux car il me prenne pour un intellectuel (Ndlr : Hamadal continue de pratiquer son métier de juge dans un tribunal). Chacun a un métier à côté. Au Niger, on prenait les artistes pour des voyous, pour des gens qui n’ont pas réussi dans la vie. En créant notre groupe, on voulait montrer au gens que ce ne sont pas que des voyous qui font de la musique. Et nous ne jouons pas non plus pour l’argent, mais parce que c’est notre passion.
On dit de la musique de Tal National qu’elle a un tempo rapide en 12/8, qu’elle est inspirée des rythmes fuji, qu’elle évoque le blues touareg, les voix et les guitares mandingues. Et vous, comment définiriez-vous votre musique ?
Hamadal : Elle est en effet un mélange de tout cela. De fuji, de highlife, de rumba et de musique mandingue. Le Niger étant au centre de toutes les communautés et civilisations, elle est au croisement de tout cela.
Nous avons construit notre groupe d’une manière originale. Car nos musiques sont populaires, dansantes. Notre musique est devenue rock’n’roll. Nous nous sommes inspirés des rythmes traditionnels nigériens. Notre musique populaire est une musique d’ambiance…
L’enregistrement de l’album Zoy Zoy s’est déroulé en compagnie du producteur Jamie Carter dans des conditions particulières à Niamey. Pouvez-vous nous parler de ce moment ?
Hamadal : J’étais venu seul à un festival à Chicago pour jouer avec un ami de Jamie Carter. Je devais jouer du douroumi, un cordophone à deux cordes. Je lui ai demandé d’enregistrer notre nouvel album et il a accepté de venir enregistrer notre album gratuitement. Pour la première fois au Niger on a vendu plus de 10 000 albums. Habituellement, on vend plutôt 1 000 albums.
Notre précédent album Kaani est arrivé en 2013 en Europe. C’était une chance et une fierté pour nous d’être diffusés à l’international. Pour Zoy Zoy, c’est différent. Nous avons été directement diffusés à l’international par notre producteur Fatcat Records.
Tal National est aujourd’hui l’un des groupes les plus populaires du Niger. Quels sont les morceaux les plus écoutés sur les téléphones portables nigériens ?
Hamadal : Il y a des morceaux qui passent en boucle sur les téléphones nigériens. Des morceaux que les enfants chantent sans arrêt : « Ana waya » et « Kaani ». Zoy zoy va aussi être en écoute sur téléphone portable.
Quels sont vos projets pour 2015 ? Et pour 2016 ?
Hamadal : 2015, nous avons 3 tournées prévues entre 2015 et 2016. Nous faisons un tour complet des USA. Nous revenons en septembre pour un 2ème tour aux USA et au Canada. Début 2016, nous serons aux USA, au Canada et en Europe.
Tal National - Claire
ZOOM
Le portrait chinois de Hamadal, leader du groupe Tal National
Si vous étiez un(e) auteur(e) africain(e). Qui seriez-vous ?
Hamadal : Camara Laye. C’est le premier auteur que j’ai connu.
Si vous étiez un(e) réalisateur/trice africain(e). Qui seriez-vous ?
Hamadal : Je serais Oumarou Ganda (Ndlr : le wazzou polygame). C’était le tout premier réalisateur de cinéma africain. C’est à son initiative que le Fespaco a vu le jour.
Si vous étiez un(e) musicien(ne) / chanteur/teuse africain(e). Qui seriez-vous ?
Hamadal : Youssou Ndour
Si vous étiez un plat africain. Lequel seriez-vous ?
Hamadal : Le foufou. C’est de la pâte d’igname.
Propos recueillis par Eva Dréano