Tony Allen : une vie en musique
Harmonia Mundi
A 74 ans et une vie bien remplie, cet exemple de sérénité, sort son dixième album solo.
Pas à pas, année après année, Tony Allen a imposé son rythme et son frappé inimitable sur la scène internationale. A 74 ans et une vie déjà bien remplie, cet exemple de sérénité, sort son dixième album solo. Parfait. Faisons le point sur ses influences et la place centrale qu’il occupe dans les musiques actuelles.
Parce que sa musique s’est construite comme ça, au grès de ses rencontres, Film of life est un condensé de son parcours aux horizons innombrables. Aussi, l’album flirte sérieusement avec les musiques actuelles (psyché, dub, pop, funk) mais ne renie pas pour autant ses origines : l’afrobeat et les rythmes africains (ndlr : yoruba en particulier).
Produit par les Jazzbastard français, la version digitale de l’album est également l’occasion d’entendre la voix bien reconnaissable de Sandra Nkaké et le sax de l’octogénaire et non moins dynamique, Manu Dibango. Les dix morceaux de l’album en version matérialisée sont hétérogènes et emplis de trouvailles musicales à l’image de la carrière de ce monstre de la batterie.
Image extraite du clip de Go back. Un morceau qui rend hommage aux réfugiés africains échoués sur l’Ile de Lampedusa, en Italie.
Sur Go back, les mélodies sont onctueuses et touchantes. Le frappé est implacable de régularité. La musique est dure et épurée. Tony Allen, accompagné de son vieil ami, le pianiste et chanteur Damon Albarn, rend ici hommage aux réfugiés africains échoués sur l’Ile de Lampedusa, en Italie.
Le morceau suivant Iré Omo est un bel exemple d’afrobeat, de musiques africaines et de funk. On y trouve un rythme entrainant, un refrain lancinant, des cuivres soufflants et une voix de griotte mandingue.
Le morceau Tony Wood chanté par le nigérian Kuku est très jazz et électrique. Sa voix d’outre-tombe est envoûtante.
Dans Moving on, la voix de Tony Allen est traînante, grave et calme. Elle est soutenue par une voix de femme et un rythme tout sauf binaire. On plonge dans la tentaculaire Lagos, l’afrobeat et le highlife.
Le morceau suivant, boat journey est dub, tribal et ethnique. Le rythme est minimal. Votre voyage à bord du navire dub-afrobeat commence là.
Le morceau Tiger’s skip poursuit la virée fantastique avec des sons de sirène très électro. Le synthétiseur, lascif, rythme le morceau.
Ewa démarre en trombe. La sirène se fait cette fois plus effrayante. Et le synthétiseur est tantôt étrange, psyché ou doux : il est omniprésent.
En somme, vous avez affaire à des musiques qui vous enveloppent. Ne résistez pas. Cédez et laissez vous ensorceler.
Clip de Go Back - Morceau extrait de Film of life de Tony Allen
ZOOM
Tony Allen : une vie en action
1964, Tony Allen devient le batteur de Fela Anikulapo Kuti. Peu de temps après, ils inventent ensemble l’Afrobeat.
Tony Allen participe alors aux enregistrements de plusieurs morceaux majeurs du groupe : Jealousy Progress (1978), No Accomodation for Lagos (1978) ou No Discrimination (1978).
En 1979, Il vogue vers d’autres cieux musicaux. En Europe, il travaille avec Ray Lema, Roy Ayers et Manu Dibango.
Avec son album Black Voices (2000), il fusionne afrobeat, rock, funk et hip-hop. Home Cooking (2003) mêle mélopées traditionnelles, dub, funk et sonorités électroniques. Lagos No Shaking (2006) marque un retour à ses racines.
En 2007, Tony Allen forme avec Damon Albarn (Blur), le groupe The Good, The Bad And The Queen. Après Secret Agent (2009), le maestro de la baguette participe le temps d'un album au nouveau projet de Damon Albarn, avec le bassiste Flea (Red Hot Chili Peppers) et Erykah Badu : Rocket Juice & the Moon (2012).
Pas à pas, année après année, Tony Allen impose ainsi son rythme et son frappé inimitable sur la scène internationale. Il est aujourd’hui une des figures incontournables de la musique actuelle.
Eva Dréano