Une soirée congolaise réussie avec le chanteur Zao et le groupe Franco Na Biso
Le chanteur congolais Zao à l’humour désopilant était l’invité du festival Africolor ce dernier vendredi de novembre.
Pour chauffer la salle, le groupe Franco Na Biso assurait la première partie. La soirée était donc prometteuse : nous allions bouger notre corps au rythme congolais malembé malembé. (Ndlr : signifie doucement en Kituba). Tour d’horizon d’une soirée congolaise réussie.
Dans le coin avant de la salle, une maman d’origine congolaise hausse les épaules en rythme et se dandine avec le naturel inné de ceux qui maitrisent leur sujet sans en avoir l’air.
Par ci, par là, le public épars mais bel et bien décidé à en découdre avec cet hiver pétrifiant, suit Franco Na Biso avec une ferveur et une attention extrême.
Le groupe interprète les plus grands classiques du maître de la rumba congolaise, Franco. Et, on ne saurait badiner avec une telle icône de la musique. Lui vouer un culte semble évident. Et, s’imaginer, à l’écoute de sa musique, dans un VIP congolais officiant en RDC dans les années 1980, est inévitable.
Le groupe Franco Na Bisso interprète les plus grands classiques du maître de la rumba congolaise, Franco.
Prenez la guitare électrique et la voix suave de Franco, ajoutez-y quelques rythmes caraïbéens, cubains et du rythm’n’blues. Vous avez une rumba dansante à souhait. Celle du Tout Puissant Ok Jazz de Franco. Remettez cette musique au goût du jour. Agrémentez-là d’une pincée de jazz (saxophone de Jean-Rémy Guédon), d’une batterie très ndombolo (Alberto Mapoto), d’une belle guitare électrique et d’une voix puissante (Kojack Kossakamvwe), vous aurez le sentiment de voir Franco ressuscité.
La soirée ainsi bien entamée, Zao prend place sur la scène. Le grand show commence alors. Car l’artiste n’est pas seulement un chanteur et un auteur exhilarant, il est aussi un vrai ambianceur de soirée autant qu’un conteur hors pair.
Immanquable, lorsqu’il raconte ses deux premières rencontres avec le président actuel du Congo- Brazzaville, Denis Sassou Ngesso. Drolatique et engagé, lorsqu’il parle de son pays.
Zao interprète l’original Corbillard, les incontournables Moustique et Ancien combattant. Puis, il présente ses nouveaux morceaux issus de son nouvel et septième album Nouveau combattant : Ballon, Nouveau combattant, Il y a un temps pour tout, les « rumbesques » Do la ré et Alangabara.
Zao Live - Ancien combattant !!
ZOOM
Zao, un nouveau combattant
En 1984, inspiré par l’actualité meurtrière en Angola, Zao se fait connaître avec son album éponyme Ancien combattant.
En 1998, le Congo est en pleine guerre civile. Zao quitte Brazzaville et part se réfugier dans les forêts du Sud où se trouve une partie de sa famille. Les conditions de vie sont difficiles. Son fils âgé de quatre ans perd la vie. De retour à la capitale, il retrouve sa maison de production et son habitation pillées.
30 ans plus tard, avec son nouvel opus, Zao revient en grand éradicateur des mauvaises pratiques et des mauvaises politiques. Le morceau Nouveau combattant est toujours tristement d’actualité et la liste des pays en guerre s’allonge. S’y ajoute l’Afghanistan, l’Israël, la Palestine, la Lybie, l’Irak, le Soudan, la Corée...
Dans le morceau Do La Ré, ces trois notes de musique évoquent le pouvoir de l’argent. Dans Il y a un temps pour tout, Zao est resté le même dézingueur d’insectes malveillants (Ndlr : moustique). Il est aussi devenu un vieux sage qui n’a plus peur des corbillards. Il est un nouveau combattant.
Eva Dréano