Finding Fela, révisons nos classiques !
Double album – de Fela Kuti & Africa 70 / Nigeria 80 / Egypt 80 / The Fela ! Band / Koola Lobitos / The Fela ! Band & Femi Kuti
A l’occasion de la sortie en Angleterre et aux USA du documentaire Finding Fela du cinéaste oscarisé Alex Gibney, la bande originale du film arrive dans les bacs français.
Faite de ré-éditions et de ré-interprétations, elle compile de grands classiques du légendaire Black President. Parfait ! La rentrée passée, il était temps de se remettre à réviser...
Le chanteur, saxophoniste et chef d’orchestre Fela Anikulapo Kuti naquit en 1938 au Nigéria. Il lutta sa vie entière contre la corruption, la dictature et les multinationales toutes puissantes au Nigéria. Il est l’inventeur de l’Afrobeat. Cette musique est un savant mélange de funk, de jazz, de ju-ju, de highlife et de rythmes yorubas.
Celui qu’on surnomma le Black President chante pour donner une voix aux laissés-pour-compte des ghettos de Lagos et du Nigéria tout entier. Avec ses morceaux durant souvent une quinzaine de minutes, interprétés en pidgin, l’anglais du petit peuple, il s’insurge contre les élites militaires et politiques qui pullulent et vivent de la misère d’autrui. Il exhorte le peuple à s’insurger contre ces inégalités et à « conquérir (sa) liberté par un retour aux sources qui (lui) rendra (son) identité et (sa) vérité. »
En 1958, Fela Kuti s’installe à Londres. Il s’intéresse au jazz et fonde un groupe formé d’antillais et de nigérians, le Koola Lobitos (Ndlr Ecouter cd1 / Koola Lobitos - Highlife time).
Après un séjour aux USA et une rencontre décisive avec Sandra Smith, une militante des Black Panthers, de retour au Nigéria, Fela décide de mettre de côté le jazz et de puiser dans ses racines africaines pour créer un nouveau rythme, l’afrobeat. Koola Lobitos se nomme dorénavant Africa 70. (Ndlr Ecouter cd1 Fela Kuti & Africa 70 – Upside down – 1976 - Opposite people – 1977 - / cd2 Fela Kuti & Africa 70 – Shuffering and shmilling - 1978). Il ne chante plus en yoruba mais en pigdin car son message doit toucher le plus grand nombre.
Fela et son groupe connaissent un succès grandissant. Une impressionnante orchestration, une batterie conséquente de cuivres et de percussions, des solos de saxophone emportés et des discours enflammés de Fela, telle est la recette de la popularité du groupe au Nigéria.
En 1983, après plusieurs tournées sur le vieux continent, Fela se présente aux élections présidentielles nigérianes. Il n’est pas élu et est même arrêté à plusieurs reprises. Il subit plusieurs peines d’enfermement pour détention de devises illicites ainsi que de drogues (Ndlr Ecouter cd2 Fela Kuti & Egypt 80 – Teacher don’t teach me nonsense – 1986 – Beasts of no nation - 1989).
Ces différentes épreuves le laissent affaibli et ses interventions publiques se font plus rares. Seul le Shrine, la salle de concert de la famille Kuti à Lagos, semble être le lieu privilégié où il peut encore donner quelques spectacles. Il est depuis quelques temps malade du sida. Il continue cependant de produire plusieurs albums avant de s’éteindre en 1997.
Finding Fela - Bande annonce
ZOOM
Zombie, comme une envie de manifester
Zombie, sur le cd2, est interprété par la troupe de la Comédie musicale de Broadway The Fela ! Band.
Cette ré-interprétation d’un morceau créé en 1976 est repris à l’époque comme cri de ralliement par des étudiants manifestant contre la junte ghanéenne.
Il est guidé par une superbe voix masculine, des chœurs féminins revigorants et offre une fin en apothéose sur un solo de saxophone enveloppé d’une belle batterie de cuivres.
Une musique qui effectivement donne envie d’en faire son cri de ralliement et de manifester.
Eva Dréano